Mosaïque du 14e siècle de la basilique Saint-Marc à Venise où sont représentés les rois David et Salomon. (photo © Anelia Jeliaskova / Flickr)

Vive le roi : Psaume 72 (71)

Jean GrouJean Grou | 19 novembre 2018

Lire le Psaume 72 (71)

Des gens se passionnent pour la monarchie, particulièrement celle de l’Angleterre. Ils connaissent par cœur le nom des souverains et leur date d’accession au trône. Ils peuvent nommer leurs descendants et descendantes et bien d’autres informations encore. Et pourtant, la royauté est plutôt étrangère à notre réalité sociale et politique. Il faut croire que la monarchie a un attrait, un pouvoir de fascination. Faut-il l’attribuer à notre héritage religieux, avec un enracinement biblique? Dans la Bible, en effet, la figure du roi est d’une grande importance : pensons aux célèbres David et Salomon. Il en était ainsi, d’ailleurs, dans l’ensemble des peuples à l’époque, notamment en Égypte où le pharaon était considéré ni plus ni moins comme un dieu.

Contrairement au pharaon cependant, le roi israélite n’est pas reconnu comme étant de nature divine. Il est plutôt « mandaté » pour ainsi dire par Dieu afin que la paix et la justice divine règnent au sein du peuple d’Israël. D’où une énorme responsabilité. Et il faut bien admettre que la grande majorité des hommes ayant occupé les trônes des royaumes d’Israël et de Juda ne furent pas à la hauteur de la situation.

Un portrait idéalisé

Lors des cérémonies d’intronisation, il était de coutume d’adresser au nouveau roi un chant de louange spécialement composé pour l’occasion. Le Psaume 72 (71) compte parmi ces hymnes. Or, en le parcourant, on constate qu’il s’agit manifestement d’un portrait idéalisé du roi, surtout lorsqu’on lui souhaite de régner « tant que la lune existera » et « jusqu’au bout du monde ». Il s’agit clairement d’une souveraineté qui se déploie au-delà du temps et de l’espace. Qui pourrait exercer un tel règne sinon Dieu lui-même?
           
En fait, en énumérant une impressionnante série de souhaits pour le roi, le Psaume 72 (71) lance un appel au Seigneur pour qu’il montre toute l’étendue de sa bienveillance à l’égard de son peuple. Tous les espoirs reposent sur lui : justice, paix, soin des plus vulnérables, protection des opprimés, fertilité de la terre, réconfort pour les malheureux, etc. Tout un programme!

Et pour nous?

Maintenant, comment le Psaume 72 (71) peut-il bien nourrir notre prière aujourd’hui? Nous n’avons certes pas de roi à notre tête, mais nous élisons des personnes pour diriger les destinées de nos sociétés. Nous pouvons très bien alors les garder à l’esprit en récitant ou chantant ce psaume, et exprimer ainsi au Seigneur notre ardent désir de les voir mettre en œuvre tout ce qu’il faut pour que règnent la justice, la paix et la protection des plus vulnérables d’entre nous. Et de manière plus large, le Psaume 72 (71) peut nous ramener à nos propres responsabilités. En tant que citoyens et citoyennes, membres d’une communauté, d’une famille, nous « régnons » sur notre propre existence et avons des occasions d’exercer un certain pouvoir autour de nous. Les mots du psalmiste peuvent ainsi nous éclairer quant à la manière qui convient d’agir à l’endroit de nos frères et sœurs, pour le bien et la prospérité de la collectivité.

Jean Grou est bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église.

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Trésors de la prière juive et chrétienne, les psaumes n'en demeurent pas moins des textes qui demandent parfois d'être apprivoisés. Cette chronique propose une initiation aux psaumes et à la prière avec les psaumes.