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chronique du 26 décembre 2014

 

Gabrielle Baron (1895-1986)

Pendant les trente dernières années de la vie de Marcel Jousse, Gabrielle Baron a joué un rôle important auprès de lui. Pendant 25 autres années, jusqu’à sa propre mort, elle a travaillé à préserver et à faire connaître son œuvre. Il convient que la série d’articles sur Jousse se termine en évoquant la figure et le rôle de son assistante et héritière.

     D’après Yves Beaupérin, « c’est à Paray-le-Monial, entre 1929 et 1930, pendant que Marcel Jousse y accomplissait son troisième an de jésuite, que leur rencontre eut lieu au monastère des Clarisses ». Gabrielle écrit elle-même : « Je suis entrée dans sa vie au moment où sa maman lointaine allait disparaître. » (Baron, p. 108) La mère de Jousse mourut en décembre 1930. Jousse commença à enseigner à la Sorbonne en 1932, et l’année suivante à l’École des Hautes-Études. Selon Maurice Houis, Gabrielle « fut une élève parmi d’autres dès le début de l’enseignement de Jousse, mais elle choisit de devenir un témoin et une assistante ».

     « Notre rencontre s’était faite le plus simplement du monde, là où plus rien ne compte de ce qui ne compte pas : sur mon lit de mort. » (Baron, p. 108-109) Beaupérin parle d’une encéphalite léthargique. Jousse « l’aurait petit à petit ramenée à la vie, en la berçant et en lui chantant des comptines sarthoises ».

     Elle gagnait sa vie en faisant de la reliure. Grâce à cette ressource, elle put également payer les personnes qui recueillirent à la sténotypie les mille cours que Jousse donna de 1932 à 1956.

     En janvier 1955, Gabrielle Desgrées du Loû mourut. L’été suivant, Jousse le passa à Fresnay, comme il faisait depuis plusieurs années. Gabrielle Baron y passa un mois auprès de lui. Le temps était venu pour lui de faire la synthèse de ses travaux, qu’il aurait intitulée La Mécanique humaine et la Tradition de Style oral galiléen (Baron, p. 224). « Souvent, écrit Baron, il me dictait quelques pages qu’il lui faudrait retravailler ensuite pour les intégrer dans l’ensemble. » (p. 228) Un jour, raconte Baron : « J’étais là, silencieuse et attentive, les doigts sur la machine à écrire, attendant sa dictée, quand tout à coup, je vois le Père pâlir étrangement et porter la main à son cœur... » (p. 230) Jousse remit à plus tard l’opération qui s’avérait nécessaire et il donna ses cours jusqu’en mars 1956. L’été suivant, après l’opération, il espérait pouvoir reprendre le travail, mais ce fut peine perdue.

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     Baron l’accompagna dans sa maladie pendant les quatre années suivantes. Jousse mourut le 14 août 1961. Gabrielle consacra le reste de sa vie à assurer la survie de l’œuvre. En 1965, elle publia Marcel Jousse, introduction à sa vie et à son œuvre. L’ouvrage fut réédité en 1981 sous le titre Mémoire vivante. Vie et œuvre de Marcel Jousse. En 1982, elle publia un volume d’une soixantaine de pages intitulé Introduction au style oral de l’évangile d’après les travaux de Marcel Jousse. Elle y présentait une dizaine de récitations, y compris celles de la maison bâtie sur la pierre, du jugement dernier, du Notre Père.

     Gabrielle Baron fonda en 1968 la Fondation Marcel Jousse, assurant ainsi la conservation et la diffusion de l’œuvre de Jousse. Parmi les membres du comité de parrainage, on retrouve le cardinal Auguste Béa, André Chouraqui, Gabriel Marcel, Léopold Sédar Senghor. « À l’une des premières réunions du Conseil, écrit-elle, j’ai pu aligner les 75 volumes brochés qui constituaient la mise en lecture dactylographiée des cours » (p. 267). Ces vingt mille pages de texte sont accessibles sur CD (voir www.mimopedagie.com). En 1973, Gabrielle remit sur pied le Laboratoire d’anthropologie mimismologique et rythmo-pédagogique. C’est là que Louise Bisson alla, en 1977, s’initier au monde des récitatifs bibliques. Elle en revint en janvier 1978, ayant appris dix-neuf récitatifs.

     Gabrielle mourut en novembre 1986, après avoir confié le laboratoire à Yves Beaupérin. La Fondation devint alors l’Association Marcel Jousse. En 1994, le laboratoire devint l’Institut de pédagogie rythmo-mimismologique, et en 2001 celui-ci devint l’Institut européen de mimopédagogie. Ainsi, grâce à Gabrielle Baron, l’œuvre de Marcel Jousse continue d’inspirer de nombreuses activités, non seulement en France, mais au Canada, et, à partir du Canada, à Tahiti.

Gaston Lessard

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Marcel Jousse à la fin de sa vie