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chronique du 30 janvier 2015

 

« Parle Seigneur, ton serviteur écoute. » 1/3

Eli et Samuel (détails)
John Singleton Copley, 1780
Huile sur toile, 152 x 197 cm
Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut, USA

La Bible n’est pas d’abord une parole mais bien une Écriture. Elle est l’expression d’un message reçu dans la chair et le sang d’un croyant. Elle n’est pas un absolu mais l’expression d’une expérience religieuse partagée et communiquée. J’ai choisi de commencer cette série de réflexions sur l’Écriture à partir d’une expérience croyante signifiée dans le Premier livre de Samuel (3,1ss).

     Le texte débute en nous parlant d’un petit, en l’occurrence Samuel, qui servait le Seigneur en présence d’Éli. En ce temps, la parole était rare et la vision n’était pas fréquente. Ce qui ressemble étrangement à notre époque. Notre Québec est passé d’une abondance de référence à Dieu, ou du moins à ce qu’on en comprenait, à un désir d’affranchissement de ces interprétations chrétiennes à la fois familiales, sociales et ecclésiales.

     Ce jour-là, selon son habitude, Éli était couché à sa place. L’Église du Québec aimerait bien encore être couchée à sa place dans la position de triomphe, de reconnaissance, de domination. Mais ses yeux ont commencé à faiblir et elle ne peut plus voir. La lampe de Dieu, sa lumière, n’est toujours pas éteinte. Et Samuel était couché dans le temple de Yahvé, et là où se trouvait l’Arche, la présence de Dieu.

     Samuel entend la Voix qui l’appelle, il se lève et court auprès d’Éli selon son habitude en disant : « Me voici puisque tu m’as appelé. » « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. »

     Pour une seconde fois, Samuel entend l’appel. Il se lève à nouveau, court auprès d’Élie et dit : « Me voici puisque tu m’as appelé. » Et Éli de lui répondre dans une affirmation de filialité, absente de la première réaction : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »

     Samuel ne connaissait pas encore Yahvé. Il connaissait bien Éli. Il avait grandi à ses côtés et en sa présence. Il avait reçu les paroles de Yahvé uniquement par l’intermédiaire d’Éli. Il n’avait pas d’expérience propre et directe de Yahvé. Il reçut pour une troisième fois l’appel direct. Il se leva et alla auprès d’Éli et il dit à nouveau : « Me voici puisque tu m’as appelé. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui l’appelait. Et il lui dit : « Retourne te coucher et s’il t’appelle tu diras :  "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute". »

     Éli accepte de ne plus être l’intermédiaire entre Dieu et Samuel; il consent à devenir le serviteur du lien direct et d’une certaine façon à ne plus être dans une dynamique auto-référentielle.

     À ce moment, il devient serviteur de la Parole qui ne s’adresse plus à lui ni à ses interprétations, mais à un fils qui n’est pas le sien au niveau du sang mais qui appartiendra à sa descendance sacerdotale.

     L’Église d’aujourd’hui accepte-t-elle ce passage de n’être plus d’abord la référence mais celle qui reconnait et authentifie l’élection de ceux qui, sans lui être étrangers, viennent d’un parcours étonnant qui se distance de la tradition?

Pierre Desroches

Suite de l'article :
« Parle Seigneur, ton serviteur écoute. » 2/3

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Gabrielle Baron (1895-1986)