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chronique du 27 mars 2015

 

Abus des fils du prêtre Éli (1 S 2,12ss ) 3/3

Eli et Samuel (détails)
John Singleton Copley, 1780
Huile sur toile, 152 x 197 cm
Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut, USA

Les fils du prêtre Éli étaient des vauriens. La descendance familiale d’Éli était incapable d’assumer la réalité du service sacerdotal de leur père. Elle n’avait aucune sagesse divine; elle avait beaucoup profité de la situation de la confiance du peuple saint envers le Temple. Lors des sacrifices, le servant du prêtre arrivait dès qu’on faisait cuire la viande et prenait une part pour lui-même avec une fourchette à trois dents une partie de la viande cuite.

     Il exigeait que l’offrant lui remette une partie de la viande crue pour la remettre au prêtre, et ainsi les sacrifices consentis pour le Seigneur se voyaient détournés pour le profit de la caste sacerdotale. On s’appropriait pour soi-même une partie importante.

     Les rumeurs du peuple parvenaient aux oreilles d’Éli qui interpellait ses fils en disant : «  Cessez mes fils, car elle n’est pas belle la rumeur que j’entends le peuple du Seigneur colporter. » Et Éli reçut la visite d’un homme de Dieu qui lui dit : « Pourquoi honores-tu tes fils plus que moi car vous vous engraissez du meilleur de toutes les offrandes d’Israël, de mon peuple? »

     Et l’oracle du Seigneur annonça  à Éli : « Voici venir des jours où je briserai ton bras et le bras de la maison de ton père : il n’y aura plus de vieillards dans ta maison. Tu verras un rival dans la Demeure, et tout le bien qu’il fera à Israël; mais, dans ta maison, il n’y aura plus jamais de vieillards. »

     Il y a une stérilité dans cette famille sacerdotale qui détourne à son profit les offrandes du peuple de Dieu et qui n’agit pas selon le cœur et le désir de Dieu. Nous sommes à un moment de l’histoire où notre société occidentale a mal à faire avec la transmission de la foi mais aussi des valeurs qui l’ont constituée et sur lesquelles elle s’est appuyée.

     Dans ce texte de Samuel, il est intéressant de s’arrêter sur sa mère stérile qui dans un cri vers Dieu obtient d’enfanter, et sur la réalité féconde d’Éli qui est devenu stérile par manque de reconnaissance et de recherche d’utilisation des biens pour son unique profit.

     De la multitude qui remplissait hier nos temples, nous sommes aujourd’hui confrontés à un vide, à un exode de plusieurs des nôtres dans des ailleurs qui nous sont étrangers et nous expérimentons dans notre chair et nos esprits de sérieuses difficultés à la transmission et à la mémoire. N’est-ce pas pour l’Église une occasion favorable de retrouver son identité profonde, elle qui justement dans sa réalité première est au service de l’évangélisation qui en vérité est mémoire et transmission?

     Dans un univers matérialiste comme le nôtre où le profit apparaît comme étant la source première pour que le monde débouche sur des lendemains favorables. Où souvent dans les familles toutes les forces sont mobilisées pour garantir à la descendance les meilleures conditions financières.

     Avons-nous oublié qu’en vérité l’argent ne donne pas la vie mais bien l’être qui donne vie à l’argent. Nous ne pouvons rien transmettre de vivant si nous n’avons pas d’abord la préoccupation de la mémoire. Un peuple riche et amnésique ne peut qu’être que dans la misère. Aimer les siens ce n’est pas leur voler leur avenir mais les affranchir de soi pour qu’ils l’inventent avec les leurs sur des assises qu’ils ont fait leur.

Pierre Desroches

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Gabrielle Baron (1895-1986)