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chronique du 26 juin 2015

 

La tempête apaisée (Luc 8,22-25)

La tempête apaisée

La tempête apaisée
Enluminure de l’Évangéliaire d’Egbert (Codex Egberti), circa 980

Notre réalité baptismale appartient à l’ordinaire de la vie. C’est une dynamique qui peut se résumer en trois verbes : monter, descendre et sortir. Trois verbes qui sont chers aux évangélistes. Ils expriment tout le mouvement de la Pâque : monter sur la croix, descendre au tombeau et sortir vivant. Il est très intéressant de garder en notre conscience ce mouvement lorsqu’on aborde les textes de l’Écriture. Ceci nous permet d’être attentifs aux codes de sens qui se retrouvent dans une multitude de textes.

     « Il advint l’un de ces jours qu’il monta dans une barque avec ses disciples. » Ce jour n’est pas daté. Mais c’est un jour d’événement, ce que sous-entend l’expression  « advint. » Ce que nous communique l’Écriture c’est l’invitation que Jésus fait aux disciples : « Passons sur l’autre rive du lac ». C’est donc un jour de passage, qui est une Pâque. Et ils gagnèrent le large.  

 

     Ces pêcheurs étaient habitués pour la pêche, de laisser le rivage pour aller dans les profondeurs chercher l’abondance des poissons qu’ils convoitaient. Et pendant qu’ils naviguaient, il s’endormit. Nous pouvons à l’occasion de nos grandes traversées expérimenter que Jésus dort. Un tourbillon de vent s’abattit sur le lac comme il arrive encore souvent sur la mer de Galilée.

     Ne sommes-nous pas dans un siècle d’évangélisation et de refondation. La chrétienté avait des assises solides. Il y avait une adhésion du peuple à l’enseignement, une reconnaissance de la doctrine et de l’autorité des consacrés qui permettait de laisser dormir le Seigneur sans que les colonnes du Temple en soient trop ébranlées.

     « Ils s’approchèrent et le réveillèrent. » N’avons-nous pas, dans les dernières décennies, senti le besoin de nous approcher de ce Dieu qui nous était distant et de l’éveiller? Nous qui expérimentons la menace et le péril, nous qui avons subi le départ, le rejet, la révolte de notre peuple face à notre institution catholique et romaine qui longtemps a été le fleuron de notre identité Française d’ici.

     « Il se réveilla, menaça le vent et l’agitation des eaux; ils s’arrêtèrent, et advint le calme ».  Je ne crois pas que la multitude soit bien calme dans cette traversée qu’Il nous appelle à vivre. Je ne crois pas qu’on ait vraiment appris à le réveiller. Nous sommes bien seuls et isolés dans nos agitations aux multiples visages. Notre foi est davantage fondée sur des absolus qui n’ont pas beaucoup à voir avec une relation avec le Seigneur qui domine les chaos.

     Monter dans la barque, c’est prendre place sur le bois. Le réveiller c’est descendre au tombeau, lieu de son repos. Expérimenter le calme c’est traverser avec Lui la tempête, en sortir vivant, expérience qui peut confirmer notre foi non pas dans des chimères mais dans une personne qui est le Christ et avec lequel nous pouvons être en communion.

     Il nous apprend l’obéissance qui soumet les éléments mortels à sa parole qui maîtrise même ce qui pourrait nous détruire et entraver notre traversée vers la rive de la vie éternelle qui commence maintenant.

Pierre Desroches

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