Zachée, le méprisé (Lc 19,1-10)

La conversion de Zachée
Bernardo Strozzi (1581–1644)
Huile sur toile, 163 x 100 cm
Musée des beaux-arts, Nantes

Il arrive souvent que des textes bibliques puissent apparaître comme des historiettes pour les enfants. Il ne faut jamais perdre de vue que se sont des textes théologiques, et que par-delà la forme apparente, ils sont porteurs de messages fondamentaux.

     L’histoire de Zachée (Lc 19,1-10) appartient à ce genre précis. Une fois de plus, nous sommes à Jéricho que j’ai déjà décrit dans mon commentaire précédent. Et cette fois-ci, nous sommes en présence d’un collecteur d’impôt, et comme le précise l’Écriture, qui était un chef, un maître de la collection. Nous sommes en présence d’un homme de pouvoir qui est craint et devant lequel on se soumet devant la peur du pouvoir. Zachée est puissant mais méprisé.

     Il est un Juif, il travaille à la solde des Romains, il est utilisé par ces derniers mais déprécié par ses semblables. Ce que signifie l’expression qu’il était petit de taille. Il n’était pas reconnu par les siens ni d’ailleurs par les Romains. Zachée était fondamentalement sans appartenance; malgré sa réussite sociale, malgré ses dons, il était seul.

     Méprisé il était méprisant et se hissait au-dessus de la plèbe pour se faire valoir et rendre à ses semblables ce qu’ils lui faisaient vivre. Et le voici courant en avant de cette foule en montant sur le sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Il cherchait à voir et à rencontrer celui qui devait passer par le bois de la croix.

     En courant en avant, il se distance de la foule et accepte une solitude, une distance. Et en montant sur le sycomore, il s’élève par le bois comme Jésus qui en arrivant là l’invite à descendre pour qu’il puisse aujourd’hui habiter dans sa maison. Zachée habitué à s’élever, à dominer, rencontre ce Jésus qui l’invite à la descente pour qu’il le trouve, pour qu’il l’habite et qu’il ne soit plus dans le mépris, l’isolement.

       Zachée répondant à l’appel de Jésus le reçut en sa demeure, dans sa maison. Mais voyant cela tous murmuraient et disaient de Jésus qu’il est allé loger chez un pécheur. Et Jésus se retrouve dans le rang des méprisés, des jugés et des condamnés.

     Mais Zachée debout dit une parole, qu’il fait don de la moitié de ses biens aux pauvres et que s’il a fait du tort à quelqu’un, il lui rend le quadruple. Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison car de collecteur démesuré il devient donateur démesuré. Il retrouve son identité de fils d’Abraham car le Fils de l’homme est venu chercher et trouver cet homme là où il se perdait. Le mépris provoque beaucoup de perdition et la rencontre de celui qui cherche l’humanité perdue apporte le salut à ceux qui dans la révolte s’étaient perdus.

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La guérison de l’aveugle de Jéricho