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En toute vigilance...

AuteurAuteurHélène Pinard et Hélène Boudreau | 27 avril 2020

Dans la discipline du Récitatif biblique, la vigilance est au cœur de notre relation avec la Parole. Il est souvent proposé aux personnes qui apprennent de porter la Parole pour qu’elle fasse son chemin dans leur vie.

En toute vigilance, garde ton cœur, car de lui dépendent les issues de vie (Pr 4,23) [1]

Qu’est-ce que la vigilance dont nous parle le livre des Proverbes? Voyons le contexte :

Proverbes 4,20-27

La traduction retenue par l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF) utilise le mot veiller qui nous est sans doute plus familier. Les verbes des versets qui viennent juste avant et juste après le verset 23, nous donnent une définition intéressante : sois attentif à mes paroles, prête l’oreille, garde-les au plus profond de ton cœur… parce que la personne qui les trouve expérimente la vie, la guérison de son être de chair.

Cette vigilance exige aussi d’autres choix qui protègent la Parole en nous : Éloigne les propos retors, écarte la perfidie (la médisance : TOB); regarde en face, tout droit devant toi; aplanis la piste… ne dévie ni à droite ni à gauche…

Voilà le programme qu’un seul verset répété et gestué par le Récitatif biblique propose pour que jaillisse la vie. Comme récitait Rabbi Ismaёl : Point n’est comparable, celui qui répète sa leçon pour la centième fois, à celui qui répète sa leçon pour la cent et unième fois. Prenons donc le temps de répéter :

En toute vigilance, garde ton cœur, car de lui dépendent les issues de vie.

De multiples moyens sont disponibles dont le plus important est sans doute le Journal de bord où nous pouvons assigner nos expériences, nos réactions, nos questions, nos expériences avec la Parole. En plus de permettre de clarifier ce qui se passe à l’intérieur de nous, la relecture des notes prises ouvre sur des liens, des idées récurrentes, des cris du cœur qui reviennent d’une répétition à l’autre. Cet état de vigilance ouvre des issues de vies! Le Journal de bord permet d’expérimenter la Parole au jour le jour ouvrant sur la connaissance de soi et faisant descendre l’invitation du Seigneur dans le cœur qui veille.

                                                                                                                            

Garde ton cœur

Il est difficile d’être en vigilance, d’être à l’écoute de son cœur. Les mouvements intérieurs sont parfois si subtils. Et dans l’extérieur, comment trier ce qui est vital, intéressant, superflu? Comment lier remontées intérieures et mouvements extérieurs?

Dans la Bible, le mot cœur est employé pour parler de quelque chose de vital et d’essentiel qui se passe à l’intérieur de l’être humain. Contrairement au corps, par exemple, qui donne des signaux extérieurs. Le cœur n’est pas seulement le siège de la vie affective et de la sensibilité intérieure, il est aussi le siège de la mémoire et de la compréhension. On dit que les pensées viennent du cœur. Donc dans la pensée biblique, le cœur se manifeste dans la vie intellectuelle. Il est aussi à la source des décisions et de la volonté. (Louise Bisson, 2000)

Au quotidien, ce sont des choix qui sont faits par chacun, des choix sans cesse renouvelés. Un cœur à l’écoute, c’est un cœur à l’affût de ce qui est essentiel, un essentiel souvent aussi petit qu’un battement d’ailes… En récitant le verset, les gestes peuvent recentrer la personne sur qui elle est, ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent. Ainsi, on va vraiment à ce qui est vital, épuré de tout ce qui est périphérique, un peu comme en période de confinement où l’on ne peut plus s’éparpiller à l’extérieur de son logis. Car du cœur de chacun dépendent ses décisions.

En cette période de confinement volontaire, on a le choix de l’attitude avec laquelle on la vit. Si le cœur y voit une contrainte à la liberté individuelle, Il y aura de l’inconfort, de la frustration, de la colère… Si le cœur y voit une invitation à être autrement, il y a place à l’ouverture, au nouveau, au renouveau.

Des issues de vie

Le geste pour cette bouchée de souffle exprime bien le sens des « issues de vie ». Une main enferme l’autre, comme pour la limiter, l’empêcher de sortir. Suite à des essais sans débouchés, l’autre main finit par trouver une issue, échappe à l’emprise, ‘sortie d’Égypte’. La situation débouche sur la vie [2].

Le texte hébreu emploie un substantif tiré du verbe-racine Yatsa'. Ce verbe laisse entendre: sortir, aller au-delà de ce qui limite (comme une frontière), s’en sortir… Yatsa’ est LE VERBE de l’Exode, il est associé à l’affranchissement, à la liberté; il est le contraire de l’enfermement [3]. La Parole indique le Chemin, la Vérité, la Vie, qui ne se laisse pas enfermer et trouve un débouché… jusqu’à l’issue de vie.

En toute vigilance, garde ton cœur, car de lui dépendent les issues de vie.

Hélène Boudreau et Hélène Pinard sont membres de l’Association canadienne du récitatif biblique.

[1] Traduction de Louise Bisson. Pour l’audio de ce verset, consulter son site web.
[2] Recherche et extrait vidéo de Louise Bisson.
[3] Ibidem.

Jousse

Récitatif biblique

L'Association canadienne du récitatif biblique propose une chronique mensuelle pour comprendre la discipline spirituelle qui rassemble ses membres. Axée sur la Parole et sur son effet sur l'ensemble de la personne, le récitatif biblique est une forme de méditation où tous les sens sont sollicités.