(photo : ACRB)

 Sylvie Gagné | 27 décembre 2021

Depuis ma découverte des récitatifs bibliques au début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, je continue de m’abreuver à cette source qui est si bienfaisante à ma vie.

Quand on pense connaître

Au fil des ans, j’ai entendu toutes sortes de commentaires ou opinions à propos du récitatif venant de personnes plus ou moins conscientes de toute la profondeur de l’approche du récitatif biblique.

Plusieurs n’y voient que du gestuel, du théâtre, une belle présentation des récits. D’autres se disent que ce n’est pas pour eux ou encore que les récitatifs bibliques, c’est bon uniquement pour faire connaître la Parole aux enfants. Certains disent : « J’ai vu un récitatif, je sais ce que c’est. »

Voir un récitatif n’est pourtant que la pointe de l’iceberg et ne permet pas d’appréhender toute la richesse potentielle de cette discipline, loin de là. La discipline du récitatif biblique semble être complètement passée sous le radar de responsables diocésains soucieux d’offrir de la formation solide au personnel mandaté. Ils ne proposeront pas le récitatif biblique pour les nourrir tout en continuant de chercher ce qui pourrait vraiment satisfaire les désirs des passionnés de la Parole. « Si tu savais le don de Dieu », comme le disait Jésus (Jn 4,10).

Des baptisés actifs dans leur contact avec la Parole

Quand une personne proclame la Parole en récitatif biblique, tel que proposé par l’ACRB,

• c’est qu’elle l’a appris avec d’autres, en communauté,
• c’est qu’elle a reçu les enseignements sur les origines des mots, le sens des termes en grec ou en hébreu,
• c’est qu’elle a laissé descendre le texte en elle au moyen d’activités d’intégration personnelle propres à une session de récitatif biblique,
• c’est qu’elle a porté le sens des gestes expressément choisis ou créés selon la signification des mots le plus près des origines,
• c’est qu’elle a accepté que la Parole fasse son chemin en elle.

Le but réel d’apprendre un récitatif n’est pas, contre toute apparence, de pouvoir le présenter. Il s’agit plutôt de faire en sorte que la Parole de Dieu se loge dans la personne, qu’elle en soit une partie intégrante. Quand le récitatif biblique est présenté, c’est donc avec toute la richesse du vécu relié à son apprentissage. Le corps et la respiration participent alors à l’intégration du texte dans les cœurs. Le récitatif biblique fait appel à toutes les dimensions de la personne humaine : cœur, corps, intelligence et âme.

La communauté récitante, quand elle est réunie pour apprendre et mâcher un récitatif biblique, fait toujours spontanément référence à d’autres textes, fait des comparaisons, pose des questions sur le sens du geste de ce texte, demande si la droite et la gauche sont importantes dans ce récit, se rapporte au genre littéraire, au vocabulaire...  Souvent, des liens se font entre le vécu intérieur de la personne et le récitatif. Ces découvertes personnelles qui jaillissent nous aident les unes les autres à creuser et approfondir le sens du texte. Depuis des décennies, toute la communauté récitante est devenue chercheuse et mangeuse de la Bible, de manière franche et autonome. Chaque homme, femme, laïc, religieux ou religieuse, en couple, jeune ou âgée, apprend à recevoir la Parole comme un pain quotidien et se pose en vis-à-vis avec elle. Les disciples – missionnaires tant recherchés en Église – se retrouvent fort bien représentés dans la communauté récitante.

Cheminement dans une foi adulte

Nous pouvons constater que cette approche peut être bonne non seulement pour faire goûter aux enfants la Parole, mais également pour la catéchèse aux adultes, voire même comme cheminement spirituel. C’est un outil extraordinaire et pertinent de promotion d’une foi adulte et mature. L’adulte qui a fait un bout de chemin dans sa vie et dans sa foi peut apprécier l’effet d’un geste sur lequel il ou elle s’y arrête longuement. Par exemple, les mains faisant le geste de la foi comme une pierre solide ou encore celui du juste ajusté à la volonté de Dieu, ces mains font résonner en lui ou elle toute son expérience, ses questionnements, ses nœuds relationnels, ses blessures, ses soifs, etc. La Parole en récitatif biblique respecte tout l’être avec son histoire personnelle et unique. Elle le nourrit et le guérit.

Gratitude

Je suis très reconnaissante aux ouvrières de la première heure qui ont su transporter cette approche biblique psycho-spirituelle de région en région à la rencontre des chercheurs et chercheuses de Dieu, pour mon plus grand bonheur. Merci de m’avoir aidée à « faire route vers la paix » (Lc 7,50b).

Sylvie Gagné, présidente de l’Association canadienne du récitatif biblique.