Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
Isaïe 50, 5

Quel lien peut-il donc y avoir entre une oreille ouverte et l’absence de révolte? On ne sait pratiquement rien de la situation concrète de celui qui parle ici, un mystérieux Serviteur souffrant sous les traits duquel les évangélistes ont reconnu une préfiguration du Christ. Serait-ce une invitation à la passivité ou à la résignation? Certainement pas! On ne peut souhaiter  devenir le souffre-douleur des intimidateurs de tout acabit. Mais une oreille ouverte, vraiment ouverte, permet de dépasser les apparences pour entrer dans la vraie profondeur de la réalité. Cette oreille entend, avec les cris de douleur arrachés aux victimes, l’appel à prendre parti pour elles, quitte à récolter à son tour plaies et bosses. Elle entend que l’amour exige le don de soi, parfois jusqu’à l’extrême. Elle entend les gémissements d’un monde nouveau qui souffre les douleurs de l’enfantement. Elle entend la victoire de l’Amour sur le mal et la mort dans la voix d’un mourant qui, sur la croix, sans révolte, remet le monde à son Père.