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Archéologie
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chronique du 13 novembre 2015

 

Une maison brûlée par les Romains

la maison brûlée

La maison brûlée est assez simple dans son organisation. Un petit vestibule d’entrée (# 1) permet d’accéder à trois pièces distinctes (2-3-4). Une cinquième pièce (# 5) communique avec la pièce du fond, tandis qu’un mikveh, ou bain rituel (# 7) et un petit bassin occupent un espace à droite de l’entrée principale.

Les restes de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la « maison brûlée » ont été trouvés au début des années 1970, dans une section du quartier juif de Jérusalem occupée jadis par de riches familles de prêtres. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une maison, mais du sous-sol d’une maison plus importante qui elle, a disparu après sa destruction. L’intérêt de cette maison brûlée c’est qu’elle a été conservée intacte après sa destruction par les Romains en 70. Une partie de la maison s’est écroulée, emprisonnant les objets dans une sorte de scellé qui ne fut ouvert que par les archéologues, près de 2000 ans plus tard. Une telle découverte est extrêmement précieuse, car elle fournit un milieu protégé, une sorte de cloche de verre révélant la présence d’objets clairement situés dans le temps et dans l’espace. 

Jérusalem d’Hadrien ou l’Aelia Capitolina

     Pour marquer sa victoire et s’assurer de la mainmise sur la cité, il en fait une véritable cité à la romaine avec portes de Triomphe, cardo maximus et decamenus. Toutefois, la diminution de la population et les destructions causées par Titus et Hadrien, laissent la ville sans fortification. La partie véritablement occupée sous Hadrien en 135 correspond à peu près aux limites de l’actuelle vieille ville de Jérusalem. L’Ophel et la colline Sud-Ouest restent sans occupant, mais la section Nord-Est de la colline Nord-Est fait maintenant partie de la ville. Certains accès vers l’intérieur de la ville sont déjà utilisés : porte de Damas, porte des Lions, porte des Maugrébins, porte de Sion, porte de Jaffa et porte d’Hérode. Il n’y manque donc que la porte Neuve.

la maison brûlée

(photo © Sébastien Doane)

Des objets, témoin de l’histoire

     Divers objets ont été découverts dans la maison : poteries multiples et diversifiées, tables de pierre, bols en pierre, jarres, pièces de monnaie dont les plus récentes datent de 67, frappées durant la Première Révolte juive. Parmi les découvertes dramatiques, signalons la présence d’un javelot qui se trouvait sur le bord de la sortie, et du squelette d’une femme, qui n’a vraisemblablement pas eu le temps de sortir de la maison quand les Romains y ont mis le feu. C’est très émouvant de voir ce bras tendu vers la sortie, qui n’aura jamais été atteinte... Lire Flavius, alors qu’il raconte la prise de la ville par les troupes de Titus, prend ici une dimension dramatique (parfois un peu exagérée) :

Ils se répandirent, l'épée en main, dans les ruelles, massacrant en foule ceux qu'ils pouvaient rejoindre, brûlant les maisons avec tous ceux qui s'y étaient réfugiés. Plus d'une fois, en pénétrant dans les demeures pour les piller, ils y trouvaient des familles entières étendues mortes et des chambres remplies de cadavres que la faim avait entassés là. A cette vue, frappés d'horreur, ils sortaient les mains vides. Cependant, s'ils avaient pitié de ceux qui étaient morts ainsi, ils n'avaient pas les mêmes sentiments à l'égard des vivants. Perçant de leurs glaives ceux qu'ils rencontraient, ils obstruaient les ruelles de cadavres, inondaient de sang toute la ville, au point que ces torrents éteignirent plus d'un incendie. (Guerre des Juifs, VI, 403)

     Dans les décombres, on a également retrouvé un poids sur lequel était gravé le nom d’un certain Katros, membre d’une famille sacerdotale, connu pour ses largesses envers les membres de sa famille. Il y a même une petite comptine dans le Talmud qui se moque de cette famille pour qui le patronage était presque érigé en système.

la maison brûlée

(photo © Sébastien Doane)

     Sur cette photo nous voyons des jarres de pierre, une table de pierre, des récipients placés à même le plancher et des installations utilisées en cuisine. Les pièces ne sont pas très grandes, mais suffisamment pour accommoder une petite famille, peut-être des gens au service des propriétaires de la maison perdue du dessus. C’est une chance que cette maison ait été trouvée intacte. Elle nous permet, à deux millénaires d’intervalle, de faire un saut dans la Jérusalem de la fin de la Première Révolte juive. Ce n’est pas rien. Des hommes et des femmes qui ont connu la destruction de Jérusalem par Titus, ont vécu ici, se sont accroupis dans cette cuisine, ont mangé à cette table, ont bu dans ce verre, sont morts ici. Entrer dans cette intimité me donne la chair de poule et me transporte dans un autre monde. Pas vous?

Robert David

Lire aussi :
La maison brûlée (Sébastien Doane)

Article précédent :
Jérusalem à travers l’histoire (série de 3 articles)

 

 

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