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Archéologie
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chronique du 9 septembre 2016

 

Jérusalem, une ville de collines et de vallées

Vue aérienne de la vieille ville de Jérusalem

Vue aérienne de la vieille ville de Jérusalem

Faire le tour de la vieille ville de Jérusalem n’est pas très difficile, ni très long. Chaque côté du carré irrégulier délimité par la muraille construite par Soliman le Magnifique (autour de 1540) fait à peine un kilomètre de long, ce qui nous donne une circonférence d’environ quatre kilomètres. Ce qui rend la marche plus difficile et plus longue, c’est qu’il faut affronter les collines qui entourent la ville. Celles-ci ralentissent le rythme de la marche et font paraître le parcours beaucoup plus long.

     Vue du haut des airs comme ici (voir plus haut), nous n’avons pas idée de la configuration exacte du terrain à ras le sol. Il faut marcher dans la ville pour sentir que toute la ville est construite sur des collines.  

plan de la topographie de Jérusalem

Les collines de Jérusalem

     Voici à quoi ressemblerait Jérusalem si l’on enlevait toutes les constructions. La ville est construite sur une série de collines. Contrairement aux tells que l’on voit sur les sites archéologiques, ces collines sont naturelles. 

     La première petite colline ressemble à une langue qui s’étire, mince, du Nord au Sud. C’est la section que l’on nomme Ophel. C’est une toute petite portion de terre, pas très large, site de la plus ancienne ville de Jérusalem. Au Nord de cette langue, on trouve la colline du temple, où se situe aujourd’hui une bonne partie de l’esplanade des mosquées.

     Au Sud-Ouest, et donc à l’Ouest de l’Ophel, une deuxième colline, plus large, s’élève bien au-dessus de l’Ophel. Cette colline Sud-Ouest est diversement nommée. Certains l’appellent Mishnè, d’autres Mont Sion tandis que d’autres enfin en parlent comme de la colline occidentale. Nous l’appellerons colline de Sion, même si le mont Sion est surtout associé, dans la littérature biblique, à l’esplanade du temple. Aujourd’hui, quand on parle de la colline de Sion, c’est à la colline Sud-Ouest que l’on fait référence.

     La colline Nord-Ouest (il y a une erreur sur la photo, car on y a écrit colline Nord-Est [sic]) est coupée de la Sud-Ouest par une vallée qui s’incline d’Ouest en Est pour aller aboutir à la colline du temple au Nord de l’Ophel. Cette vallée implique que l’on descende un peu de la colline Sud-Ouest et que l’on remonte par la suite sur celle du Nord-Ouest. Elle porte ici le nom de vallée transversale, mais aujourd’hui, on en parle comme de la rue de David. 

     À l’Est de la colline Nord-Ouest une autre vallée vient couper toute la ville en deux, du Nord au Sud. C’est la vallée du Tyropéon (prononcer « on » comme dans on/off) aujourd’hui le Suq el Walid. Cette vallée s’incline fortement du Nord au Sud et marque une fracture entre l’Ouest et l’Est de la ville. Elle est peu visible sur les photos, mais on la sent très bien quand il faut la remonter depuis l’Ophel jusqu’à la porte de Damas.

     À l’Est du Tyropéon, c’est la colline Nord-Est (re-sic pour la photo) qui poursuit d’une certaine manière l’Ophel. Finalement, au Nord des collines Nord, une autre vallée qualifiée ici de crête septentrionale, passe d’Ouest en Est tout le long des sections Nord. Elle est cependant moins accentuée que les autres vallées. Elle sépare tout de même deux séries de collines parallèles les unes par rapport aux autres. Cette crête est délimitée aujourd’hui par la rue principale qui longe toute la muraille Nord.

     Ces collines dans la suite servent de frontières naturelles invisibles entre les divers quartiers de la ville. Elles ont eu un rôle à jouer dans l’expansion de la ville au cours des siècles.

Les vallées de Jérusalem

Les vallées de Jérusalem

     Ici encore, nous pouvons observer les contours des différentes collines, mais cette fois, on a dessiné les pourtours de la muraille ottomane en trait continu, et ceux de diverses étapes de l’expansion de la ville en traits discontinus.

     Trois vallées principales marquent les limites importantes de la ville. À l’Est, la vallée du Cédron qui sépare Jérusalem du mont des Oliviers. Comme les courbes isométriques de dénivellation l’indiquent, il s’agit d’une vallée très escarpée qui protège naturellement la ville sur son flanc oriental. La vallée s’appelle aussi vallée de Josaphat, en hébreu Yehoshaphat qui se traduit par « Dieu juge ». C’est la vallée du Jugement dernier dans la symbolique théologique. On ne sera donc pas surpris d’y retrouver des cimetières de diverses communautés croyantes, tant juives que chrétiennes et musulmanes. Enfin réunis dans la mort !

     À l’Ouest du Cédron, nous venons d’en parler, le Tyropéon qui, comme les courbes l’indiquent bien, amorce sa descente à la muraille Nord actuelle, longe l’esplanade des mosquées (le rectangle entre Cédron et Tyropéon) et vient former l’Ophel avec le Cédron de l’autre côté. Bien que moins accentuée, la dénivellation est tout de même importante entre l’Ophel et le fond du Tyropéon.

     Complètement à l’Ouest de la ville, la troisième vallée, c’est la Géhenne, déformation du mot hébreu Gehinnom. C’est, dans la symbolique biblique et théologique, la vallée maudite, la vallée du feu éternel. Pourquoi?  Parce que l’on y brûlait les ordures de la ville. Elle a donc conservé l’idée du feu qui consume les « ordures humaines ». Aujourd’hui c’est un magnifique parc où l’on présente des concerts extérieurs. Comme quoi... Vous noterez que la dénivellation est peu importante au Nord de la Géhenne, mais que plus on approche de la colline de Sion, plus elle s’accentue, devenant ainsi une protection naturelle pour le flanc occidental.

     Les trois vallées se rejoignent au Sud de l’Ophel. De là, elles ne forment plus qu’une seule vallée, le Cédron, qui continue sa course jusque dans le désert de Juda. On peut donc dire que l’Ophel et la colline du temple sont enclavés entre le Cédron et le Tyropéon, tandis que la colline de Sion l’est entre le Tyropéon et la Géhenne. Remarquez enfin la vallée transversale (rue de David) qui part d’Ouest en Est. Elle est formée par une sorte de bifurcation du Tyropéon vers l’Ouest, qui vient presque rejoindre la Géhenne. Les isométries font sentir la dénivellation d’Ouest en Est jusqu’au mur de l’esplanade.

     Qu’on me permette une petite note intéressante. Les gens de l’époque s’orientaient à partir d’une référence à l’est, alors que nous nous « nordentons ». Si vous regardez vers l’orient tandis que vous êtes à Jérusalem, vous constatez que les escarpements Sud, Est et Ouest constituent des défenses naturelles. Le Nord cependant est beaucoup plus enclin à se voir attaqué, car il est relativement plat. Or, en nous orientant, nous avons le côté Sud à notre droite et le Nord à gauche. L’imaginaire religieux a vu au Sud la protection et a parlé de la droite comme du côté protecteur et sauveur (la droite du Seigneur). C’est du Nord cependant que viennent les ennemis. Il est symbole de malheur. La gauche est le lieu du danger. Et, aujourd’hui encore, pour bien des gens, la droite c’est la sécurité, la gauche les problèmes !

     Bien sûr, avec les siècles de débris accumulés, les fonds des vallées se sont un peu élevés, mais, dans l’ensemble, la topographie n’a pas vraiment changé. Je vous souhaite de vous promener dans cette ville, la monter, la descendre, la traverser d’Est en Ouest, du Nord au Sud.

Robert David

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Un plongeon dans la mer Morte

 

 

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