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Archéologie
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chronique du 18 septembre 2017

 

Explorer les ruines de Beersheba 1/2

Les ruines de Beershba

Les ruines de Beershba (photo : Wikipedia)

On connaît bien le nom de Beersheba parce qu’il est souvent utilisé dans la Bible pour indiquer la limite méridionale du pays (de Dan à Beersheba : Jg 20,1; 1 S 3,20; 2 S 17,11; etc.). On connaît aussi l’endroit parce que les textes bibliques y font référence à quelques reprises dans certains épisodes associés aux patriarches, qu’on pense à l’alliance avec Abimélek (Gn 21,32), au fait qu’Abraham y habite (Gn 22,19), qu’Isaac y creuse un puits (Gn 26,26ss), etc. Peut-être moins connus sont les passages suivants : Élie qui y séjourne un peu alors qu’il se rend à l’Horeb/Sinaï (1 R 19,3), et Amos qui vilipende la ville pour le culte qui y est pratiqué (Am 5,5; 8,14). Nous verrons dans un prochain article que cette dernière condamnation a peut-être trouvé confirmation lors des fouilles du site.

Les fouilles

Les fouilles de tell es-Saba' ont été menées par un brillant archéologue, Yohanan Aharoni, qui y consacra huit saisons de fouilles de 1969 à 1975. Il y a une certaine polémique aujourd’hui à propos de l’identification du tell es-Saba' avec le Beersheba des textes bibliques. En effet, on a retrouvé dans les environs du wadi Beersheba des installations datant de l’époque chalcolithique et, sur le site de tell es-Saba' lui-même, du matériel dans des strates de l’époque du Fer (neuf strates) et d’époques postérieures (une perse, une hellénistique et deux romaines). Pour la période du Bronze, rien. Or, les patriarches sont associés traditionnellement à l’époque du Bronze. Cette absence de données archéologiques pour l’époque du Bronze fait dire à quelques-uns que tell es-Saba' ne doit pas être identifié avec le Beersheba des textes bibliques. Le problème c’est que, dans la région, tell es-Saba' est le seul site qui ait une importance telle qu’il puisse avoir été un centre administratif à l’époque de la royauté. C’est la raison pour laquelle la plupart des archéologues continuent de proposer tell es-Saba', mais qu’ils invitent du même coup à lire différemment les textes concernant l’époque patriarcale. En cela, ils n’ont pas tort.

Le plan de la ville

Le site de Beersheba est très caractéristique. Sa forme oblongue, sa surface pratiquement plane et sa grande tranchée sur le flanc nord, font qu’on ne peut le confondre avec aucun autre site. Voyons son plan de plus près.

plan du tell es-Saba'

Le plan (strate II) nous donne une bonne indication d’une organisation urbaine de l’époque de la royauté dans le royaume de Juda. L’urbanisation suit la configuration du tell, ce qui donne une ville presque ovale, avec des maisons adossées à la muraille, une rue parallèle à cette muraille et une autre qui isole une zone centrale. Près des deux tiers du site ayant été fouillés (lignes noires), nous avons vraiment une très bonne idée de la ville. Et ce qui est encore plus intéressant c’est que ce plan a été conservé pendant près de trois siècles. La ville aura connu la destruction sous les coups de Shéshonk en 915 (fin de strate V) et de Sénnachérib en 701 (fin strate II). Cette dernière destruction sonnera cependant le glas du Beersheba de l’époque biblique, comme de la plupart des villes de Judée, à l’exception de quelques villes autour de Jérusalem. Les modifications apportées au plan original se retrouvent principalement au niveau de la muraille. Elle suit toujours le même tracé, mais elle passe d’un gros mur solide dans les strates V et IV (10e et 9e siècles) à un mur à casemates aux strates III et II (8e siècle).

En ce qui concerne les constructions qui forment l’essentiel du milieu urbain à Beersheba, les archéologues ont dégagé les suivantes. À l’extrémité nord-est (bas gauche), dans la pointe du tell, on a retrouvé une partie du système d’eau dont la configuration ressemble à celui trouvé à Hatsor. On voit bien d’ailleurs sur le plan la descente en colimaçon qui menait à la source. Ce système d’eau est malheureusement très mal conservé et n’est pas accessible aux visiteurs.

Toute la zone dessinée en gris devait contenir des maisons du type « maison à quatre pièces », ou « maison à piliers ». Elles devaient être du même genre que celles qui ont été retrouvées dans la portion sud-ouest.

Du côté sud-est on a mis au jour trois immenses magasins perpendiculaires au mur à casemates, la porte à tenailles de la ville, une place centrale presque carrée à l’entrée de la ville, ainsi que le palais du gouverneur à gauche en entrant dans la ville. L’espèce de serpent qui traverse le milieu de la porte à tenailles pour se retrouver à l’extérieur de la ville, dans un petit cercle, c’est le système de canalisation. On récoltait l’eau de pluie depuis les toits et on l’acheminait vers le puits situé à l’entrée de la ville. Les maisons étant faites de briques séchées, il fallait éviter que l’eau ne s’accumule à la base des maisons et ne gruge les briques, entraînant ainsi l’écroulement de la maison. La prochaine chronique traitera des magasins et de l’autel qui ont été trouvés dans ce secteur.

Robert David

Lire la suite :
Un autel au milieu des magasins 2/2

Article précédent :
Que se cache-t-il sous le mur occidental?

 

 

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