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Archéologie
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chronique du 20 novembre 2017

 

Tibériade et ses richesses

Vue de Tibériade

Vue de Tibériade et du lac (photo : Wikipedia)

Aujourd’hui, ville balnéaire de première importance en Israël, Tibériade a toujours joui des faveurs de ceux qui en ont fait leur lieu de résidence. L’actuelle Tibériade occupe l’espace (et en déborde) où se trouvait la Tibériade de l’époque des Croisés. La plus ancienne Tibériade, celle des époques romaine et byzantine, était plus au Sud, en bordure du lac de Tibériade, dans la région des eaux sulfureuses de Hammath Tibériade.

Le mot Tibériade n’apparaît dans la Bible qu’en Jean 6,1.23; 21,1, pour désigner le lac de Tibériade. Cependant, cette ville fondée par Hérode Antipas en l’an 18 pour servir de capitale est très importante pour le judaïsme antique.

La richesse de Tibériade

Nous devons beaucoup aux écrits de Flavius Josèphe, particulièrement à son ouvrage La vie des Juifs, pour nous aider à nous faire une idée de la vie qui régnait à Tibériade durant ses années de gloire. Les descriptions de Flavius regorgent de qualificatifs et de superlatifs. Il parle d’énormes édifices, dont une synagogue capable d’accueillir une foule nombreuse, de palais magnifiques en partie décorés d’or. Ces descriptions témoignent de l’importance qu’avait la ville aux yeux des autorités et des classes nanties. Si les juifs ont hésité à s’installer au départ dans cette ville construite sur des tombes, cette même prospérité ne s’est pas démentie au cours des siècles suivants, si l’on en croit divers témoignages qui, à l’époque byzantine, signalent la présence de palais royaux, de conseil municipal (boulè), de marchés publics, de stade (pouvant accueillir jusqu’à 30 000 personnes), de bains et de tombes richement décorées. La présence des sources d’eau chaude dans la région a possiblement contribué à cette prospérité, les anciens (comme certains modernes) attribuant des propriétés curatives à ces eaux thermales. On venait s’y faire soigner en profitant d’un climat idéal, de type méditerranéen.

Depuis plusieurs années, on a entrepris des fouilles de sauvetage au cours desquelles on a découvert ces diverses composantes de la ville ancienne. Plusieurs de ces découvertes ne sont plus visibles aujourd’hui, le développement immobilier de la nouvelle Tibériade ayant remplacé ces « vieilleries » par des hôtels luxueux ultramodernes. D’autres ont été sauvées par la conservation des espaces constitués en parc. 

Croquis de la porte sud

Croquis de la porte sud (image : BibleWalks)

La porte sud de la ville de Tibériade

C’est au cours des années 1973-1974 que l’équipe d’archéologues dirigée par G. Foester a mis au jour une impressionnante construction à Tibériade. Il s’agit de la porte de la ville d’où partait le cardo (rue principale à colonnades), ce dernier séparant la ville en deux parties dans l’axe sud-nord.

La porte est construite avec le matériau le plus commun dans la région, le basalte. Les pierres sont bien taillées et bien agencées entre elles, témoignage d’un souci d’élégance et d’une volonté de présenter une architecture de qualité. En voyant la porte, on devait s’attendre à trouver, en entrant, une ville prospère et riche.

Deux tours rondes, ayant chacune 7 m de diamètre, occupant la face sud de la porte, flanquaient cette dernière de chaque côté. Le bas de ces tours et de la porte était travaillé et sculpté en forme de plinthes, offrant un motif décoratif très classique. Du côté nord de la porte, dans le mur des tours carrées, juste avant de sortir de la ville, deux niches (demi-cercle) devaient possiblement recevoir des statues. Une série de colonnes, situées de part et d’autre de l’entrée, amorçait la ligne du cardo qui se continuait dans la ville.

Le sol de la porte est composé de pierres plates déposées d’abord parallèlement dans la première section puis, une fois passée la deuxième chambre, elles sont disposées à l’oblique, comme c’était la coutume dans la construction des routes de l’empire romain (technique qui donne une meilleure prise aux chevaux). Ces caractéristiques, et les indices stratigraphiques permettent de proposer que cette porte date des premières années de la fondation de la ville, ce qui correspondrait bien aux ambitions d’Antipas de faire de Tibériade sa capitale. Comme aucun mur de cette période n’a encore été retrouvé, il est possible que la porte servît uniquement d’entrée monumentale, une sorte de porte de triomphe à la gloire des autorités romaines. Cependant, des textes talmudiques font allusion aux fortifications de la ville. Peut-être trouvera-t-on un jour d’autres indices qui permettront de résoudre cette énigme.

Tibériade

(photo : BibleWalks)

Il faut imaginer toute cette construction de basalte (à l’exception du pavé) recouverte de plâtre et sans doute décorée de motifs peints imitant le marbre. Cette porte devait dégager une impression de richesse et de grandeur assez exceptionnelles. Il est difficile de dire jusqu’à quelle hauteur les tours s’élevaient, mais l’épaisseur des murs laisse entendre qu’elles devaient faire plusieurs mètres. À la voir de loin, et en la franchissant, on se faisait déjà une idée de ce qui pouvait nous attendre à l’intérieur de la ville.

Dans une région où l’on trouve principalement des petits villages de pêcheurs et d’ouvriers qui gagnaient leur pain à la sueur de leur front, on ne s’étonnera pas que l’évangile ne parle jamais des habitants de Tibériade. Ils ne devaient pas faire partie des auditeurs du message de celui qui prêchait « bienheureux les pauvres... »

Robert David

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