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Comprendre la Bible
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chronique du 30 août 2002

 

Une vie donnée

En mettant dans la bouche de Jésus ces paroles, l'auteur du quatrième Évangile manifeste sa conviction que Jésus lui-même a compris son existence comme une offrande faite pour les humains. Ne dit-il pas ailleurs : « Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15,13) Lorsqu'on lit ces phrases aujourd'hui, on comprend spontanément que le don que Jésus fait de sa vie se réalise dans sa passion et sa mort. Il est évident en effet que le don de Jésus atteint là son point culminant. Mais ce moment ne doit pas être isolé du reste de son existence. Dans toute sa vie, Jésus a voulu être le don de Dieu pour la vie de l'humanité (voir Jean 6,32-33). La mort de Jésus prend tout son sens parce qu'elle vient au terme d'une existence tout entière pour les autres.

     Dans les passages des évangiles ou Jésus annonce à ses disciples les souffrances de sa passion, les évangélistes n'établissent jamais de liens entre ces événements et les humains qui en sont les bénéficiaires. Le fait de souffrir, même injustement, n'a pas de valeur en soi. La souffrance et la mort de Jésus trouvent leur pleine signification par l'offrande que celui-ci fait de sa vie, offrande qui s'exprime au mieux dans les récits de son dernier repas.

     Dans le geste prophétique qu'il accomplit ce soir-là, Jésus révèle que sa mort toute proche ne sera pas la consécration de son échec, mais qu'elle prendra valeur et sens pour tous ceux et celles qui entreront dans l'Alliance Nouvelle (Marc 14,24; voir aussi Luc 22,19-20; 1 Corinthiens 11,24). Parce que Jésus a voulu être serviteur et faire de toute sa vie un service (Luc 22,27), l'offrande qu'il fait de son existence prend toute sa signification. Il s'agit du service suprême, du don total de soi-même.

     Jésus n'a pas recherché cette issue tragique. Il n'a pas voulu la souffrance et la mort pour elles-mêmes. Il a accepté d'aller jusqu'au bout dans la fidélité au projet d'amour de Dieu son Père. C'est cette fidélité qui donne à son sacrifice valeur de salut pour l'humanité. Dans le discours qu'il tient à ses disciples, la veille même de sa mort, il donne la clef qui permet de comprendre le sens qu'il attribue lui-même aux événements qu'il va vivre. L'Évangile de Jean a repris cette interprétation en la transposant dans le cadre du discours sur le pain de vie : « Le pain que moi je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. » (Jean 6,51)

Jérôme Longtin

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Appartenance, solidarité et renoncement