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Agneaux et
aromates
Voici
deux questions que suscitent ma lecture des textes entourant Pâques.
Quel rapport existe-t-il entre les agneaux que sacrifiaient les Juifs
et l'Agneau de Dieu? Quelle explication apportent ces deux versets (Mc
16,1 et Lc
23,56) dans la résurrection de Jésus?
(J. Étienne)
Pour
répondre à votre première question, disons d'abord
qu'il y a un rapport typologique entre les agneaux utilisés dans
les sacrifices et l'expression Agneau de Dieu qu'on rencontre dans les
textes de la Nouvelle Alliance. On parle aussi de figure, ou encore de
préfiguration. Il s'agit d'une personne ou d'une réalité
de l'Ancienne Alliance qui annonce ou prépare une personne ou une
réalité de la Nouvelle Alliance. Ainsi, par exemple, la
manne d'Ex 16 est-elle un type de l'eucharistie (cf. Jn 6). Dans le cas
de l'agneau, l'application au Nouveau Testament est surtout développée
par les écrits de Jean (cf. Jn
1,29.36 ; 19,31-37
citant Ex 12,46 Ex
12,46 et Nb
9,12 ; surtout Ap
5,6.8.12.13 ; 12,11
; 15,3
etc.) et par 1
Co 5,7 et 1
P 1,19. Il existe deux façons de comprendre. Premièrement
l'agneau pascal. Le texte d'Ex 12 ordonne à chaque famille israélite
de prendre un agneau, de l'immoler et d'en répandre le sang sur
les portes des maisons. L'ange exterminateur qui doit tuer les premiers-nés
des Égyptiens (il s'agit de la dernière des fameuses « plaies
d'Égypte » destinées à forcer le pharaon
à laisser partir Israël) verra le sang et ne frappera pas
les fils d'Israël, mais il « passera ». C'est
le sens le plus habituel du mot « Pâque ». La
deuxième interprétation vient de l'agneau figure du serviteur
persécuté (cf. Jr
11,19 ; Is 53,7 cité par Ac
8,32). La réflexion des premiers chrétiens a naturellement
associé Jésus à l'agneau pascal ainsi qu'au serviteur
souffrant. En effet, Jésus, par son sang, a délivré
l'humanité de l' esclavage ; dans son « passage »,
les croyants ont eux aussi accompli leur pâque.
Parfums et
aromates
Ces deux versets parlent d'aromates et/ou de parfums pour l'ensevelissement
du corps de Jésus. Il faut préciser que les juifs n'embaumaient
pas les corps (comme les Égyptiens ; cf. Gn
50,2-3) mais les oignaient et les couvraient d'un linceul avant de
les déposer dans un tombeau ; cf. Jn
19,39-40. Les versets dont nous parlons ne servent qu'à souligner
la réalité de la mort de Jésus. Jésus est
vraiment mort. Sa famille et ses disciples ont eu envers on corps les
même égards que pour tout défunt. Mais comme les textes
signalent que Jésus a été descendu de la croix alors
que le repos du sabbat était déjà commencé,
on s'est contenté de déposer son corps dans le tombeau,
réservant les onctions pour la fin du repos sabbatique. Par rapport
à la résurrection de Jésus, ces textes soulignent
que Jésus n'a pas été réanimé mais
qu'il est réellement ressuscité « d'entre les
morts ».
Hervé Tremblay, OP
Professeur au Collège dominicain de philosophie et de théologie
(Ottawa)
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Le
jour de la mort de Jésus
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