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Comprendre la Bible
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chronique du 9 avril 2004
 

Le récit de la femme adultère : une leçon d'exégèse
  

Le Christ et la femme adultère

Le Christ et la femme adultère
Lucas Cranach (l'Ancien)
peinture sur bois (1532) 82,5 x 121 cm
Musée des Beaux-Arts, Budapest

La Loi de Moïse dit : « Tu ne commettras pas d'adultère » et si cela se produisait la communauté avait l'habitude, selon la coutume, d'appliquer la sanction prévue par la Loi, pour « arracher le mal du milieu de soi » (Dt 22,20-22). Elle enlevait ce mal en lapidant la personne accusée. Mais la Loi disait aussi : « Tu ne prendras pas le parti du plus grand nombre pour commettre le mal, ni ne témoigneras dans un procès en suivant le plus grand nombre pour faire dévier le droit » (Ex 23,2). Avec l'arrivée de la femme adultère, un procès s'était ouvert. Un temps de réflexion s'imposait avant de juger le faible. C'est ce temps de réflexion que prend Jésus en se penchant sur le sol. Il prend, face au problème qui surgit, une pause, une sorte de distance pacifique qui lui permettra de descendre en son cœur pour ouvrir une troisième voie…

     Derrière le procès de la femme, c'est le motif du procès de Jésus que l'on cherche : un motif permettant de l'accuser, de l'arrêter et peut-être, de parvenir à le faire condamner. On l'intime de répondre : « Toi, que dis-tu? » (Jn 8,5). Le couperet tombe : « Que celui d'entre-vous qui est sans péché, lui jette la première pierre » (Jn 8,7). Le procès s'est tout à coup déplacé. Les accusateurs sont devenus les accusés.

     La réception de cet incident a donné lieu dans l'Église à deux grandes lignes d'interprétations de ces paroles selon que l'on attribue ce texte à l'évangéliste Luc ou au rédacteur final de l'Évangile de Jean. Ces deux grandes lignes d'interprétations sont cependant complémentaires.

     Dans la perspective lucanienne, on insiste sur la dimension de compassion et de miséricorde de ces paroles de Jésus. C'est l'énoncé de la Bonne Nouvelle du pardon qui fait éclater le cercle mortifère où Jésus et la femme étaient ensemble enfermés. Ces paroles de Jésus furent la clé qui ouvrit la porte de l'enfer, permettant de s'y échapper.

     Dans la perspective johannique, ces paroles, encadrées par un double geste symbolique, furent considérées comme prophétique. Jésus écrit avec son doigt sur la terre (Jn 9,6.8) l'énoncé d'une Nouvelle Loi et, pour ce faire, il reprend le geste de Dieu qui écrivait la Loi sur les tables de pierres au mont Sinaï. Les cœurs de pierres retrouvent ainsi leur humanité. Par ces paroles, Jésus délie ce qui en obstruait la possibilité.

     Toute interprétation de la Loi est colorée de l'humanité de celui qui l'interprète. C'est dans le cœur que cette Loi prend toute sa saveur. La Parole dite sans amitié, ne saurait être en mesure de témoigner!

Yolande Girard
Bibliste, Montréal

 

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