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Comprendre la Bible
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chronique du 18 janvier 2008

 

Les Philistins et l'archéologie

QuestionJe suis intéressé par l’histoire des Philistins. J’ai lu sur certains sites et entendu lors d’une émission de télévision que les découvertes archéologiques ne s’harmonisaient pas avec le récit biblique. Qu’en est-il? (Frédéric)

RéponseTout d’abord, il faut préciser que ce ne serait pas l’unique cas où les données archéologiques ne concordent pas avec les textes bibliques. Si ce n’est déjà fait, il faut sortir au plus vite d’une lecture fondamentaliste de la Bible qui lui demanderait d’être à la fois un traité d’histoire et d’archéologie. La recherche exégétique a démontré combien les textes bibliques sont des méditations théologiques, voire des reconstructions tardives souvent à caractère politique, ce qui ne leur enlève aucunement un certain caractère historique souvent difficile à préciser. Il faut se méfier également des émissions de télévisions « populaires » ou des sites internets plus ou moins sérieux. Qui veut vraiment apprendre doit trouver les bonnes références.

Dagon

Dagon

     Cela dit, il y a plusieurs points de convergence entre ce que l’Ancien Testament et l’archéologie affirment sur les Philistins. L’Ancien Testament appelle les Philistins l’un des « peuples de la mer » (cf. Gn 10,14; Dt 2,23; 1 Ch 1,12; Jr 47,4; Am 9,7). Cette appellation conserverait le souvenir de l’arrivée de ces peuples en provenance des îles méditerranéennes, soit la Crète, soit d’autres îles de la mer Égée, autour du XIIe siècle. Un autre signe de ce caractère non-sémite des Philistins, c’est que la Bible les appelle « incirconcis » (Jg 14,3; 15,18; 1 S 14,6; 17,26.36; 31,4; 2 S 1,20; 1 Ch 10,4). Politiquement, les Philistins constituaient une confédération de cinq villes (une Pentapole; cf. la Décapole du Nouveau Testament : Mt 4,25; 8,28-34; Mc 7,31 et //) : Ashdod, Ashquelôn, Éqrôn, Gat et Gaza (cf. Jos 13,3; 1 S 6,17-18 puis Jg 3,3; 16,5-30; 1 S 5,8-11; 6,4-18; 7,7; 18,30; 29,2-9). Il semble qu’ils aient vite accepté les divinités cananéennes, adorant surtout Dagon (Jg 16,21-23; 1 S 5,2-3; 1 Ch 10,10-12) et Astarté (1 S 31,10). Conquis par les différents empires (Assyriens, Babyloniens, Perses), ils semblent avoir disparu en tant que peuple lors de la domination perse (vers 530). Quand les Grecs envahirent la région, il ne resta d’eux que le nom, qui devint « Palestine ».

     Il y a un élément géographique essentiel. Les Philistins étaient établis le long de la côte sud de Palestine. Là, malgré la végétation de surface, il y a plusieurs kilomètres de sables qui rendent l’agriculture presque impossible. Les Israélites, quant à eux, ont colonisé le sommet des montagnes où le sol est pierreux, rendant là aussi l’agriculture difficile. Entre ces deux régions existe une région appelée en hébreu « Shefelah », qu’on pourrait traduire par bas-pays. C’est là que les arbres fruitiers poussent et que se trouvent des champs. Il est donc facile de comprendre que les Philistins et les Israélites se soient affrontés pour le contrôle de cette région vitale.

     Maîtrisant la métallurgie (le fer 1 S 13,5.19-22), les Philistins s’efforcèrent d’étendre leur territoire vers la montagne. C’est pourquoi Israël fut en guerre avec eux à partir du temps des Juges (Jg 10,7; 13,1; 14) mais surtout au temps de David (1 S 13–14; 17; 18,17-27.30; 19,8; 23,1-5; 31; 2 S 8,1.12; 19,10) et un peu plus tard (2 Ch 17,11; 21,16-17; 26,6-7). Il est probable que les Danites, d’abord établis sur la côte, aient été forcés par eux de migrer plus au nord (cf. Jg 18). La pression exercée par les Philistins fut telle qu’elle semble en partie responsable de l’institution de la monarchie israélite (cf. 1 S 8–12).

Poterie philistine

Poterie philistine

     Les découvertes archéologiques confirment d’abord ce caractère d’étrangers des Philistins. En effet, la poterie qui a été trouvée sur les sites est clairement de style égéenne, ce qui détonne avec le reste des peuples de la région à cette époque. Plus tard, des influences locales, surtout phéniciennes, se font de plus en plus sentir.

Hervé Tremblay

Lire aussi :
Les Philistins (série de 7 articles)
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Chronique précédente :
Caïn, Abel et l’agir de Dieu