![]() |
|||||
![]() |
![]() |
||||
chronique du 20 juin 2008 |
|||||
Judas, personnage maudit?
L’auteur de l’Évangile selon Jean semble même dire que Jésus a choisi Judas Iscariote en sachant bien qu’il allait le livrer (Jn 6,70-71). Il n’est donc pas étonnant de voir que Satan entre en Judas lors du dernier repas, au moment même où Jésus lui donne la bouchée de pain (Jn 13,26-27). Le traître semble être tout simplement un pion de Jésus. Les synoptiques, quant à eux, comprennent la trahison comme l’accomplissement des Écritures. Celui qui provoque l’événement est personnellement responsable de son geste. C’est pourquoi la tradition synoptique contient une malédiction prononcée contre Judas Iscariote (Mt 26,24; Mc 14,21; Lc 22,22). Dans ce cas-ci, la trahison n’est pas résultat direct du choix de Judas comme traître, mais découle de son propre désir de trahison. Pour ce qui est de la tradition johannique, la référence à l’accomplissement de l’Écriture est maintenue, mais Judas est dépourvu de toute détermination personnelle. D’ailleurs, on remarquera que la malédiction – qui sert essentiellement à responsabiliser l’individu – n’est pas mentionnée dans le quatrième évangile. L’Iscariote est délibérément choisi par Jésus en vue de la trahison. Il n’est donc pas surprenant que nous ayons l’impression qu’il soit maudit. Mais est-il possible que Judas ait obtenu le pardon de sa faute après s’être repenti? Il faut mentionner que seul l’Évangile selon Matthieu parle du repentir de Judas : « Il fut alors pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : ‘Je suis coupable, j'ai livré un innocent à la mort !’ » (Mt 27,3-4). Il y a deux différentes traditions sur les circonstances de sa mort : « Il alla se pendre » (Mt 27,5) et « il s'acheta un champ ; il y tomba la tête la première, son corps éclata par le milieu et tous ses intestins se répandirent. » (Ac 1,16-20). En Marc, Luc et Jean, Judas disparaît discrètement de la scène; il n’y a aucune allusion à son repentir. Le quatrième évangile ne souscrit certainement pas l’idée d’un pardon possible pour Judas Iscariote, puisqu’il est clairement nommé diable (Jn 6,70) et fils de la perdition (Jn 17,11). En conclusion, ces différentes manières d’interpréter le geste de Judas Iscariote résultent possiblement de la réalité historique, qu’un des proches de Jésus de Nazareth ait livré son maître aux autorités. Les évangélistes ont donc cherché à expliquer la trahison en réinterprétant certains textes de la Bible hébraïque ou en faisant appel aux catégories théologiques à leur disposition.Lire aussi : Chronique précédente : |
|||||
|
|||||