SAINT PAUL (6/12)

Paul, comme un père et une mère

Saint Paul est un homme de communauté. Il est pasteur, même s’il ne s’applique jamais ce titre. Dans cet article, nous verrons d’abord quels sont les sentiments qui habitent saint Paul dans ses relations avec les communautés chrétiennes.

     Le texte le plus éclairant sur le type de relation que Paul entretient avec les communautés chrétiennes se trouve dans la Première lettre aux Thessaloniciens.

Nous avons été au milieu de vous pleins de douceur, comme une mère réchauffe sur son sein les enfants qu’il nourrit. Nous avions pour vous une telle affection que nous étions prêts à vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais même notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues: c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun de vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu. Vous êtes témoins, et Dieu aussi, que nous nous sommes conduits envers vous, les croyants, de manière sainte, juste et irréprochable. Et vous le savez :  traitant chacun de vous comme un père ses enfants, nous vous avons exhortés, encouragés et adjurés de vous conduire d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa gloire. (1 Th 2,7-12)

      Ces propos sont pleins d’émotion et de sensibilité. On y voit que saint Paul puise dans les relations parents/enfants l’image dont il a besoin pour exprimer l’amour débordant qu’il ressent pour les chrétiens (voir aussi 1 Co 4,14-15).

     Paul s’acquitte de sa charge d’annoncer l’Évangile avec une responsabilité exemplaire qui n’a d’égal que l’amour ressenti par un père et une mère à l’égard de leurs enfants. Comme un père, il engendre les chrétiens à la vie divine par le ministère de l’Évangile. Cette génération lui donne des droits sur les chrétiens. Mais ces droits, il les exerce non avec arrogance mais avec beaucoup d’affection. S’il exhorte, corrige, adjure, réprimande, c’est uniquement dans le but de garder ses enfants dans le droit chemin de la foi et de l’Évangile. Comme une mère, il éprouve beaucoup d’affection et de tendresse quand il s’agit d’encourager, de consoler, de réconforter. 

     Comme un père et une mère, Paul désire ardemment le bonheur de ses chrétiens au point d’être même prêt à donner sa vie pour eux (voir Ph 1,21-26). On entend ici Jésus déclarer à ses disciples lors de la Cène : « Il n’y a pas d’amour plus grand que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. » (Jean 15, 13) Que ne ferait pas Paul pour conduire ses chrétiens à l’âge adulte de la foi?

     Comme un père et une mère, Paul est fier des chrétiens qu’il a engendrés dans la foi, même si ceux-ci se laissent égarer par de faux prédicateurs ou retournent à la pratique de certaines mœurs indignes du chrétien. Ici encore, l’exemple des Corinthiens doit être citée. Paul s’était montré sévère envers eux; certains avaient même continué à le braver. Sa ténacité et sa fermeté ont cependant réussi à susciter le retour des Corinthiens à l’esprit évangélique et à de meilleures dispositions à son égard. Saint Paul leur adresse ses félicitations et leur demande d’avoir pour lui des sentiments d’affection :

Faites-nous une place dans vos cœurs; nous n’avons fait de tort à personne; nous n’avons ruiné personne; nous n’avons exploité personne. Ce n’est pas pour vous condamner que je dis cela, car je l’ai déjà dit :  vous êtes dans nos cœurs à la vie et à la mort.

Grande est ma confiance en vous, grande est la fierté que j’ai de vous, je suis tout rempli de consolation, je déborde de joie dans toutes nos détresses. [...] Oui, si je vous ai attristés par ma lettre, je ne le regrette pas... Et si je l’ai regretté —cette lettre, je le constate, vous a attristés, ne fût-ce qu’un moment—, je me réjouis maintenant, non de votre tristesse, mais du repentir qu’elle a produit. (2 Co 7,2-4.8-9)

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