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SAINT PAUL (11/12)

 

Servir le Seigneur en toute humilité

saint PaulDans le discours aux responsables de la communauté d’Éphèse (Actes 20, 17-38), Paul fait un bilan de son activité et livre son testament spirituel. Il affirme notamment que l’humilité est la principale qualité du serviteur de Dieu.

J’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves que m’ont valu les complots des Juifs (Ac 20,19).

     L’humilité est une qualité qui est à maintes reprises exigées des premiers chrétiens. Elle apparaît comme le fondement des relations humaines qu’ils doivent établir entre eux. Elle a son modèle dans la personne même de Jésus qui s’est dépouillé de tous les attributs de sa condition divine pour épouser notre humanité selon l’hymne de la lettre aux Philippiens (2,1-11). Jésus lui-même, durant sa vie, s’est montré un maître doux et humble de cœur. L’humilité est également la première des Béatitudes dans sa version matthéenne.  Paul demande aux Éphésiens de pratiquer l’humilité : «  Je vous exhorte à mener une vie digne de la vocation à laquelle vous avez été appelés, en toute humilité, douceur et patience, vous supportant les uns les autres avec charité. » (Ep 4,2) Dans la première lettre de Clément de Rome, au IIe siècle, on retrouve l’humilité parmi les qualités exigées des responsables de l’Église : « Ceux qui ont été mis en charge par les apôtres, ou plus tard par d’autres personnages éminents avec l’approbation de l’Église entière, et qui ont accompli d’une manière irréprochable leur fonction à l’égard du troupeau du Christ avec humilité, tranquillité et distinction, à qui tous ont rendu témoignage depuis longtemps, nous ne croyons pas juste de les rejeter de leur fonction. »  (1 Clem 44,3) Dans tous les cas, il s’agit de l’humilité du cœur qui, selon l’anthropologie biblique, est le siège de la pensée et des sentiments. L’humilité est la qualité de la personne qui ne s’élève pas au-dessus des autres.

     L’humilité est rarement mentionnée seule. Elle est associée à d’autres qualités qui nous permettent de saisir qu’elle est à la base d’un comportement authentiquement chrétien. Ce faisceau de qualités associées à l’humilité comporte la douceur, la patience, la miséricorde, l’affabilité, la concorde et la tranquillité. Autant de qualités qui prennent leur source dans l’humilité et qui se déploient dans la charité fraternelle.

     Paul confie à ses auditeurs réunis à Milet qu’il a exercé son ministère avec humilité. Pour savoir comment il s’est comporté avec humilité et douceur, il faut relire le chapitre 2 de la lettre aux Thessaloniciens où il affirme ne s’être jamais glorifié de son titre d’apôtre ni recherché aucun honneur, mais s’être comporté avec douceur comme une mère. L’humilité n’est pas faiblesse. C’est la qualité qui permet de se maintenir dans une relation de dépendance vis-à-vis du Seigneur et de respect à l’égard des personnes qui sont confiées au pasteur. Paul la recommande à Timothée :  « Un serviteur du Seigneur ne doit pas se quereller, mais être affable envers tous, capable d’enseigner, supportant les contrariétés. »  (1 Tim 2,24). L’humilité conduit le pasteur à considérer la valeur des autres, à les estimer, même si la charge confiée par Dieu l’oblige à se mettre de l’avant. C’est le ministère qui est grand et noble, non la personne qui l’accomplit, sinon le Christ qui est l’objet du message serait mis à l’ombre :  « Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu et sa grâce à monégard n’a pas été vaine. »  (1 Co 15,10)

     Paul préfère mettre son orgueil dans ses faiblesses afin que repose sur lui la puissance du Christ (2 Co 12,9s). Paul a appris l’humilité à la rude école de la souffrance. Ses insuccès, ses échecs, les difficultés rencontrées lui ont révélé sa faiblesse et sa totale dépendance à l’égard du soutien que le Christ lui a manifesté. Il a appris ainsi à mettre sa confiance en Dieu : « Le péril que nous avons couru en Asie nous a accablé à l’extrême, au-delà de nos forces, au point que nous désespérions même de la vie. Oui, nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort. Ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes mais sur Dieu qui ressuscite les morts. » (2 Co 1,8-9) Les larmes et les épreuves auxquelles il fait allusion ne viennent pas seulement des complots fomentés par les Juifs mais aussi des chrétiens dont la conduite ne respecte pas l’idéal de l’Évangile. Elles proviennent d’un amour ardent, digne du pasteur qui ne veut pas qu’une seule de ses brebis ne se perde. Ces épreuves sont temporisées par la joie de rencontrer des chrétiens fervents comme ceux de Thessalonique : « Quelle action de grâce pourrions-nous rendre à Dieu à votre sujet, pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu, lorsque nous prions, nuit et jour, avec insistance, pour qu’il nous soit donné de vous revoir et de compléter ce qui manque à votre foi. »  (1 Th 3,9-10)

Yves Guillemette

Suite de la série :
Le courage de proclamer la Parole

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Chronique précédente :
Laissez les morts enterrer leurs morts : l’heure est arrivée !