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Comprendre la Bible
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chronique du 11 septembre 2009

 

Le tatouage, interdit par la Bible?

QuestionPourquoi est-il écrit dans la Bible de ne pas se faire tatouer? C’est dans le Lévitique 19 verset 28? (Salomé)

RéponseLe tatouage ou les incisions corporelles faisaient parti de certains rites anciens pratiqués par les Cananéens pour exprimer le deuil lors de funérailles. Ainsi, les prêtres de Baal se faisaient parfois des incisions avec des épées jusqu’à ce que le sang coule sur eux. On croyait que l’effusion du sang permettait d’apaiser les esprits maléfiques ou d’établir une communion avec les morts. En Israël ces incisions avaient plutôt un sens de compassion. Elles exprimaient la sincérité du deuil établissant une adéquation entre la douleur de la mutilation et celle du deuil causé par la perte du défunt. Jérémie en parle à plusieurs reprises sans pourtant les réprouver (Jr 16,6; 41,5; 47,5). Le livre du Deutéronome l’interdit pour réprimer la tentation de vouloir diviniser les morts ou de leur rendre un culte (Dt 14,1).

     Le tatouage pouvait aussi être lié à l’amour d’une divinité. C’était une marque d’identité. Ainsi, le nom de la Bête est inscrit sur la main ou le front de ses adeptes (Ap 13,16-17). Ce tatouage était interdit lorsqu’il s’agissait d’idoles, mais il était, semble-t-il, permis lorsque c’était le nom de YHWH qui était gravé dans la paume de sa main comme chez Isaïe (Is 44,5), ou encore sur son front pour montrer que l’on appartenait à la communauté messianique comme Ézéchiel l’annoncera (Ez 9,4-6). Ce signe était, selon Mimounni [1], la dernière lettre de l'alphabet hébreu : le tav, comme dans le mot Torah. Il désignait ceux qui observaient la Loi. Cette lettre prenait la forme d’un X, geste qui sera repris plus tard par les chrétiens pour se signer du nom de Dieu. La marque de la communauté messianique devint le signe de la communauté nouvelle.

     On appliquait également parfois, au fer rouge, une marque sur le corps des esclaves (comme on le faisait pour les bêtes) pour montrer qu’ils étaient la propriété du maître. Ce geste de possession avait pour but de les décourager de s’enfuir. Les esclaves étaient ainsi marqués du sceau du maître.

tatouage

     Si le livre du Lévitique interdit le tatouage, c’est donc principalement en raison de l’identité présente au cœur de ce signe. Il n’était permis que lorsqu’il se référait directement à YHWH.

[1] Simon-Claude Mimouni, Le judéo-christianisme ancien, Paris, Cerf, 547 p.; p. 329.

Yolande Girard

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