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Comprendre la Bible
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chronique du 5 mars 2010

 

Jésus, richesse et chameaux

chameau

Question« Il est plus difficile pour un riche d'entrer dans le royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille. » Est-ce une expression propre aux Juifs, ou est-ce qu’elle a provient d’une vertu particulière des chameaux? Que signifie cette expression? (Roddy)

Réponse« Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au royaume de Dieu. » Expression d'un humour paysan, la citation de l'évangile de Marc (10,25) signifie simplement que c'est quelque chose d'impossible; en mots simples, un riche n'a pas sa place dans le monde de Dieu!

     Jésus vient d'enseigner qui est le plus important dans le royaume de Dieu : il a montré que les femmes et les enfants y ont une place de choix. Qu'en est-il des gens économiquement privilégiés? L'homme qui se présente est un riche propriétaire terrien pieux et dévot, qui dit vivre selon les dix commandements de Moïse. Jésus les lui énumère poliment en ajoutant pourtant un élément qui ne se trouve pas dans le Décalogue : « Ne fraude pas. » Il se réfère à l'exploitation économique pratiquée par les grands propriétaires qui exploitaient les paysans de Galilée. La richesse acquise sur le dos des travailleurs n'a pas sa place dans le monde de Dieu. « Tu es en retard seulement de ceci : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, tu auras un trésor au ciel. » Le proverbe cité est radical : il n'y a pas de place dans la communauté humaine pour le riche qui bâtit sa richesse sur le dos des autres.  

     Dans le monde de la Bible, la richesse est un don de Dieu pour tout le peuple. Celui ou celle qui, par les détours de la vie, jouit de l'abondance des biens, n'est pas propriétaire de ces biens, mais bien l'administrateur, le gérant. La richesse est une responsabilité et non un privilège. Le devoir du riche est de partager la richesse de sorte « qu'il n'y ait pas de pauvres parmi vous ». 

     « La terre ne pourra jamais être vendue de manière définitive, car la terre m'appartient, à moi, le Seigneur, et vous serez comme des étrangers ou des hôtes résidant dans mon pays. » (Lévitique 25, 23) Aussi le prêt à intérêt est-il interdit par Moïse, car tu ne peux profiter de la nécessité de ton frère pour t'enrichir. Dans la Bible, l'aumône n'est pas un acte de « charité », de bonne volonté, c'est un devoir de justice. « S'il se trouve tout de même un pauvre parmi vos compatriotes, dans une ville du pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera, vous ne lui fermerez pas votre cœur en lui refusant un prêt. » (Deutéronome 15, 17)

     Ceci questionne le monde auquel nous appartenons, basé sur l'appétit de la richesse et du profit maximum. La corruption, la fraude, les vols de milliards par des bandits en cravate se multiplient. Les gouvernements sauvent les banques « trop grosses pour faire faillite » avec des milliards pris aux contribuables pendant que les grands de la finance se paient des salaires astronomiques et que des milliards d'êtres humains crèvent littéralement de faim ou périssent au chômage.

     Suivre Jésus, c'est prendre position radicalement face à ce système : la richesse appartient à toute l'humanité. Elle doit être répartie. « Rien n'est impossible à Dieu » ; « Viens et suis-moi ».

Claude Lacaille

Chronique précédente :
Le bâton de Moïse à Istanbul