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chronique du 11 juin 2010 |
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Deux testaments : l’ancien et le nouveau
Le livre de l’AllianceIl ne convient pas ici d’élaborer une théologie de l’Alliance; rappelons-nous toutefois que le mot latin testamentum était un bon choix à cause de son sens plus large que celui du mot français dans l’usage actuel. Il s’applique à toute disposition dont le caractère juridique repose sur l’initiative d’un sujet plutôt que sur l’accord mutuel des parties. Cette traduction met en évidence le fait que l’Alliance est due à l’initiative de Dieu : Il choisit Israël et fixe Lui-même les conditions d’existence de cette Alliance. Ce n’est pas un contrat négocié entre deux partenaires mais un don gratuit fait par Dieu au peuple élu. Avant d’être un écrit, l’Alliance - ou Testament - se veut d’abord un événement qui détermine un état de vie pour le peuple qui en bénéficie. Dans la Bible elle-même, on trouve quelques indices quant à l’usage de l’expression : le livre de l’Alliance (voir 1 M 1,57; Sir 24,23) et, dans un texte sur lequel nous allons revenir, Paul mentionne la lecture de l’Ancien Testament (2 Co 3,14). On peut conclure que dès avant l’ère chrétienne, on associait, selon l’usage, l’Alliance à un écrit; cet usage s’est perpétué dans l’Église lorsqu’on a désigné les Écritures comme Ancien et Nouveau Testament, c’est-à-dire ancienne et nouvelle Alliance. Le seul texte des Écritures hébraïques qui mentionne explicitement une Nouvelle Alliance est Jr 31,31 - que la Vulgate a rendue par foedus novum plutôt que par testamentum novum - et le prophète précise que cette alliance, contrairement à la précédente, sera écrite dans le cœur des croyants; donc, elle ne reposera pas sur un écrit matériel. Dans les Écritures chrétiennes, la formule Novum Testamentum apparaît aux récits de l’institution eucharistique (Lc 22,20 et 1 Co 11,25), dans l’épître aux Hébreux, commentant le texte de Jr 31,31 (voir Hé 8,8; 9,15) et surtout en 2 Co 3,6, en relation avec le Vetus Testamentum de 2 Co 3,14. Depuis le IIe siècleCes versets de Paul se situent directement à l’origine de notre usage des expressions Ancien et Nouveau Testament. Ils appartiennent à un passage difficile (2 Co 2,12 - 4,6) où Paul réaffirme la supériorité de l’Alliance nouvelle sur l’ancienne : l’une conclue dans l’Esprit Saint, l’autre écrite sur des tables de pierre (voir 2 Co 3,6-7). Lorsque Paul se réfère à l’Ancien Testament (2 Co 3,14), il pense à un écrit qui peut être lu, mais il n’en va pas de même pour l’Alliance nouvelle. Au moment où il rédige ces pages, des Écritures chrétiennes n’existent pas; quelques unes des lettres de Paul lui-même étaient sans doute déjà en circulation; on était, par ailleurs, au tout début du processus de mise par écrit des évangiles mais la notion d’un Nouveau Testament tel que nous le connaissons demeure totalement étrangère à Paul comme à ses correspondants. Ce n’est qu’une ou deux générations plus tard, au début du IIe siècle, qu’on a commencé à rassembler les écrits chrétiens en une collection qui s’est appelée Nouveau Testament par comparaison à l’Ancien dont Paul fait mention. À une époque récente, apparaît l’idée que l’appellation Ancien Testament est péjorative à l’égard des Écritures juives et du Judaïsme. Voilà pourquoi on parle volontiers de Premier Testament et de Première Alliance, reprenant ainsi une expression de Hé 9,15. Les deux formules : Premier Testament et Ancien Testament prennent leur origine dans les écrits du Nouveau. Source : Bible pas à pas, no 28, Parabole, mars-avril 2004. Lire aussi : Testament Chronique précédente : |
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