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chronique du 23 novembre 2012
 

Qui sont les bons et mauvais rois?

Ézéchias présente la lettre au Seigneur

Ézéchias présente la lettre au Seigneur (2 Rois 19,14).
Gravure de Rudolf Schæfer (1929) dans une Bible allemande illustrée.

Début de l'article : Les bons et mauvais rois de la Bible

Plus en détail, cela donne le tableau suivant. Pour le royaume de Juda, sur 20 rois, 8 seulement reçoivent un jugement positif, 10 un jugement négatif. Il en reste deux, le livre n’exprimant aucun jugement sur Roboam (le fils et successeur de Salomon) et Athalie, mais le contexte implique clairement un jugement négatif.

     Le jugement positif sur un roi dépend presque uniquement des réformes religieuses qu’il a entreprises (Asa, Josaphat, Ézéchias, Josias). Nous disons « presque » car six rois sont jugés positivement même si les hauts lieux n’ont pas disparu (Asa 1 R 15,11-14 ; Josaphat 1 R 22,43-44 ; Amasias 2 R 14,3-4 ; Ozias 2 R 15,3-4 ; Yotam 2 R 15,34-35). Le modèle idéal des rois de Juda est David : il est explicitement nommé pour Abiyyam (1 R 15,3 négativement), Asa (1 R 15,11), Amasias (2 R 14,3), Achaz (2 R 16,2 négativement), Ézéchias (2 R 18,3) et Josias (2 R 22,2). Des versets affirment même que c’est à cause de David que le châtiment mérité par Juda est retardé (1 R 15,4 ; 2 R 8,19 ; 19,34 ; 20,6). Enfin, deux rois de Juda n’ont rien à envier à leur père David puisqu’ils reçoivent les plus hautes louanges: Ézéchias et Josias (2 R 18,3-8 ; 22,2–23,30).

     Quant aux jugements négatifs, ils sont formulés de différentes façons : 1) « Il imita les péchés que son père avait commis avant lui » pour Abiyyam en 1 R 15,3 et pour Amon en 2 R 21,21 (« Il suivit en tout la conduite de son père, rendit un culte aux idoles qu’il avait servies et se prosterna devant elles » ; 2) « Il imita la conduite des rois d’Israël » pour Joram en 2 R 8,18 et Achaz en 2 R 16,3 ; 3) « Il imita la conduite de la famille d’Achab » pour Ochozias en 2 R 8,27 ; 4) « Il imita la conduite des rois d’Israël [...], selon les coutumes abominables des nations » pour Achaz en 2 R 16,3 et pour Manassé en 2 R 21,2. Il semble y avoir une gradation dans le mal. Le pire cas est celui du roi Manassé, qui « multiplia les actions que yhwh regarde comme mauvaises, provoquant ainsi sa colère » (cf. 2 R 21,2-7). Son péché est considéré comme tellement grave qu’il est encore rappelé aux règnes suivants (cf. 2 R 23,26 malgré les réformes de Josias; 24,3 première déportation sous Joiaqim due aux péchés de Manassé), justifiant ainsi pleinement le désastre final. À un moindre degré d’iniquité, si l’on peut dire, il y a les rois de Juda qui ont imité les rois du royaume du nord. Cela implique sans doute qu’ils servirent Baal (Joram 2 R 8,18 ; Ochozias 2 R 8,27 ; Achaz 2 R 16,2-4). Le péché le plus grave des rois est simplement d’imiter leurs pères et de tolérer le culte (de yhwh ?) sur les hauts lieux. Il est notable que le jugement sur les quatre derniers rois de Juda, tous fils (Joachaz en 609 ; Joiaqim de 609 à 598 ; Sédécias de 598 à 587), ou petit-fils (Joiakîn fils de Joiaqim en 598) de Josias, sont plus ou moins les mêmes, mais sont différents des précédents. « Il fit ce qui déplaît à yhwh, tout comme avaient fait ses pères » pour Joachaz 2 R 23,32 ; Joiaqim 2 R 23,37 ; Joiakîn 2 R 24,9 ; Sédécias en 2 R 24,19.

     Quant au royaume du nord, l’éditeur souligne fortement le péché de son premier roi, Jéroboam (1 R 13,1-9 ; 14,1-16) qui a entraîné tout Israël dans le péché (2 R 17,21-22 ; 23,15 cf. Si 47,24-25). C’est le péché de Jéroboam qui causa la ruine (1 R 14,16 ; 16,3.7 ; 21,22 ; 2 R 9,9) et que tous les rois d’Israël ont imité, comme c’est rappelé de nombreuses autres fois : Nadab 1 R 15,26-30 ; Basha 15,34 ; Zimri 16,19 ; Omri 16,26 ; Achab 16,31 ; Ochozias 22,53 ; Joram 2 R 3,3 ; Jéhu 10,29.31 ; Joachaz 13,2.6 ; Joas 13,11 ; Jéroboam II 14,24 ; Zacharie 15,9 ; Menahem 15,18 ; Peqahya 15,24 ; Péqah 15,28.

     On voit donc ici comment nous avons affaire à une présentation orientée (c’est le moins qu’on puisse dire) de l’histoire des rois. Si le jugement qui débute et termine habituellement le règne de chacun est deutéronomiste, cela ne signifie pas nécessairement que les données sur chaque règne le soient. En effet, c’est en comparant le jugement sur chaque roi avec les autres données sur le règne que l’on entrevoit des tensions, voire des contradictions. C’est un signe supplémentaire, s’il en fallait un autre, que le jugement sur les rois est bien postérieur aux données historiques du livre des Rois. Le lecteur peut donc prendre avec les précautions dues la lecture théologique du deutéronomiste et la replacer dans le contexte plus large de tout le canon de l’Ancien Testament.

Hervé Tremblay

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Les bons et mauvais rois de la Bible

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