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chronique du 27 juin 2003
 

Le partage d'Évangile qui nous fait chrétiens
  

1. Le projet de Jésus est celui d'une famille spirituelle • 3. Le partage de notre vécu évangélique

 

2. La Parole qui engendre à la vie divine

     Une telle oeuvre s'inscrit dans la tradition juive. En effet, le projet de Moïse a déjà été de constituer un peuple qui sera le peuple des fils de Dieu. L'unique roi de ce peuple est Dieu lui-même. D'une manière très concrète, la relation au Roi-Dieu se fera par la mise en pratique d'une Règle de vie: la Tora. Celle-ci se résumera en dix grands préceptes qui tracent la manière de se comporter pour vivre selon l'Esprit du Roi-Dieu (cf. Dt 5,6-22). Le lieu premier qui constitue ce peuple de Dieu ne sera pas le Temple et ses sacrifices mais la synagogue où l'on interprète la Tora pour qu'elle soit le guide de la vie quotidienne.

     Sur le plan humain, on n'est pas fils, fille de ses parents uniquement parce qu'un même sang circule dans nos veines. On hérite, par l'éducation, des manières d'être et de faire de ceux qui nous engendrent. Éduquer un enfant, c'est lui transmettre un mode de vie, une sagesse. Dans la famille juive, cela se fait essentiellement par la transmission de la Tora. Cet enseignement s'est transmis de père en fils depuis Moïse. Comme l'a bien montré Marcel Jousse, le maître de maison (l'Abba de famille) est le maître d'instruction car maître des traditions bibliques, de la transmission de la Sagesse divine. Dans cette pratique juive, on n'est pas père de quelqu'un parce qu'on l'a engendré biologiquement mais parce qu'on l'engendre à la Tora qui le fait naître à la vie divine. Pour ce faire, chaque jour, le père récitera par coeur des versets de la Tora à son enfant qui doit à son tour les mémoriser. La mère les fera répéter et les interprètera pour qu'ils soient concrètement vécus dans le quotidien de la vie. Inscrits dans la mémoire, ces versets dicteront une manière d'être. Les parents humains doivent être perçus comme des relais de Celui qui est la source de cet enseignement: Dieu. Ce Dieu-Roi - qui transmet son esprit, sa sagesse de vie - sera considéré comme le Père premier, celui de qui tout père reçoit sa paternité. Jésus aura une vive conscience de cette paternité unique qui est celle de Dieu: « N'appelez personne sur la terre votre Père, car vous n'en avez qu'un seul, le Père céleste. » (Matthieu 23,9)

     Comme, à l'époque de Jésus, le père transmet aussi à son fils son savoir professionnel - il lui apprend son métier -, cela crée entre le père et son fils une connaissance mutuelle exceptionnelle. Cette connaissance réciproque se traduisait probablement dans un proverbe que Jésus reprendra pour l'appliquer à sa propre relation avec le Père unique qui est Dieu: « Tout m'a été transmis par mon Père. Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils. » (Matthieu 11,27)

     Ce sera ainsi par l'apprentissage et la mise en pratique de la Tora que l'on deviendra fils, fille du Père Divin. À l'époque de Jésus on ne peut guère être autodidacte car il y a très peu de livres. On a donc besoin de « transmetteur ». Lorsque l'enfant est devenu adulte, l'apprentissage de la Tora va se continuer dans la « maison du Rouleau »: la synagogue. Là, tous devront débattre sur les préceptes de la Tora pour découvrir comment ils doivent être appliqués, vécus dans le quotidien de chaque époque. Chaque « enseigneur » fera référence à celui qui l'a instruit: « Comme a dit Rabbi Untel » est la formule consacrée. Jésus, lui, ne se réfère à aucun rabbi, à aucun maître. Il enseigne au nom du Père Divin. Il récite à ses disciples ce qu'il a écouté du Père: « Ma récitation n'est pas de moi mais elle est de mon Père qui m'envoie. » (Jean 7,16) Il invite ceux qui le suivent à se mettre comme lui, avec lui et par lui à l'écoute du Père. On ne naît pas fils, fille de Dieu: on le devient

     Cette écoute commune - qui inspire leur vie d'un même Esprit - va tisser entre ceux qui s'entraident à devenir fils, filles du Père Divin des liens réels de fraternité: « Montrant de la main ses disciples, il dit: "Voici ma mère et mes frères; quiconque fait la volonté de mon Père Divin, c'est lui mon frère, ma soeur, ma mère." » (Matthieu 12,49-50) « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Luc 8,21)

     Pour Jésus, cette famille spirituelle devra même avoir priorité sur la famille de sang: « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14,26) Cette famille spirituelle ne sera pas liée non plus à un peuple réuni par l'ethnie, comme l'est Israël. Pour Jésus, la filiation divine est offerte à tout être humain, quelqu'il soit: « Faites disciples toutes les ethnies, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. » (Matthieu 28,19)

     On ne naît donc pas fils, fille de Dieu. Si Dieu offre à tout être humain sa paternité - et cela depuis la conception -, il ne l'impose à personne. Il appartient à chaque être humain d'accueillir la paternité de Dieu avec une totale liberté. Une liberté que Dieu ne peut que vouloir avec nous. Cet apprentissage de la proposition que Dieu nous fait d'être et d'agir selon l'amour sera l'oeuvre de toute notre vie et ne s'achèvera qu'à la mort. Pour devenir fils, filles divins il faut plus qu'une cérémonie - le baptême - ou la remise d'une carte d'identité. Le baptême chrétien est le point initial d'un engagement qui se prolongera jusqu'à notre mort: il est la décision d'accueillir Jésus, le fils premier-né du Père, afin qu'il soit pour nous le chemin de la vie véritable, celle qui nous fait vivre de vie divine: « À ceux qui l'accueillent, il donne de pouvoir devenir enfants de Dieu. » (Jean 1,12)

Suite de l'article
3. Le partage de notre vécu évangélique

Article précédent :
Le déroulement d'une rencontre de partage évangélique