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chronique du 27 juin 2003
 

Le partage d'Évangile qui nous fait chrétiens

PAR GEORGES CONVERT

1. Le projet de Jésus est celui d'une famille spirituelle • 2. La Parole qui engendre à la vie divine
 

3. Le partage de notre vécu évangélique

     Ceux qui se veulent disciples de Jésus passeront par lui qui est le fils bien-aimé du Père: l'interprète privilégié de sa Parole. Pour cela, il ne suffira pas d'être réunis entre chrétiens et de prier ensemble. Il faudra se réunir entre disciples et se mettre  à l'écoute de l'Évangile afin de le traduire en pratique de vie quotidienne. Chacune, chacun a sa façon propre de vivre l'Évangile et sa filiation au Père. Le partage de chacun enrichit donc la communauté tout entière. La pratique actuelle de l'homélie par un seul, fut-il prêtre, est sans doute un appauvrissement pour la communauté. Il appartient à chaque disciple de prendre la parole pour « édifier » ses soeurs et ses frères. C'est ce que demandait Paul aux chrétiens: « C'est pourquoi, réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l'un l'autre, comme vous le faites déjà. » (1 Th 5,11) Voilà l'essentiel de la réalité chrétienne, le coeur d'une vie à la suite de Jésus: l'apprentissage fraternel d'une vie filiale avec Dieu selon l'Évangile.

     Il n'y a donc pas de christianisme sans l'existence de fraternités qui permettent d'expérimenter ce qu'est devenir fils, fille de Dieu. Ces fraternités doivent être à taille humaine pour que les liens entre les membres soient concrets et réels. Sans ces fraternités, l'Église ne traduit plus le projet de Jésus. C'est pourquoi le mal le plus grand de l'Église d'aujourd'hui n'est pas dans la baisse de la pratique dominicale mais dans cette absence de véritables fraternités.

     Le groupe des Douze a été le prototype de ce groupe fraternel porteur de l'Évangile. Après Pâques, les Actes décriront les premiers chrétiens par ce résumé saisissant: « Ils étaient persévérants dans l'enseignement des apôtres, et la communion - la fraction du pain - et les prières. » (Ac 2,42)

     Même si les Actes décrivent l'accroissement rapide du nombre des disciples (3000 personnes rejoignent, le jour de la Pentecôte, les 120 frères et soeurs déjà regroupés autour des Douze, des disciples-femmes et de la famille de Jésus), ils spécifient pourtant que c'est dans les maisons qu'on célèbre la « fraction du pain » (cf. Ac 1,14-15; 2,41 et 46). Cette « fraction du pain » se situe dans le prolongement des Repas sacrés juifs, ceux du sabbat dans les familles ou dans les confréries religieuses. Ils rassemblent autour de la Table pour partager la Parole de Dieu, au cours d'un repas qui « unifie » les commensaux. Rompre un Pain unique et boire à la coupe traduisent en signes tangibles l'unité de ceux qui se sont nourris du Pain de la parole de Dieu: « Puisqu'il n'y a qu'un seul pain, nous sommes un seul Corps car tous nous participons à ce pain unique. » (1 Co 10,17) C'est cette constitution de la communauté des disciples à travers le Repas du Seigneur qui est exprimée par l'adage patristique: « C'est l'Église qui célèbre l'Eucharistie mais c'est l'Eucharistie qui fait l'Église. »

     De nombreux sociologues, théologiens et pasteurs contemporains reprennent cette vérité essentielle à la réalité du projet de Jésus. Citons l'un d'entre eux, Jean Rigal, théologien français:

La foi est radicalement de nature communautaire: elle est relation. Aussi a-t-elle besoin d'être ressourcée, célébrée, partagée. L'Église, étymologiquement et concrètement, se définit comme « une assemblée convoquée par Dieu » et donc « comme une communion fraternelle » (GS 32) ou « une fraternité » (LG 28). Constituer le lien ecclésial répond à des besoins majeurs: de nourriture spirituelle d'abord, mais aussi de soutien chaleureux et fraternel, de cohésion identitaire dans le gigantesque marché des valeurs, de visibilité donnée à l'Église locale. Promouvoir le tissu communautaire constitue une préoccupation aussi ancienne que l'Église, depuis ses origines. Mais les temps que nous vivons lui donnent un caractère d'urgence et invitent à réajuster ses modalités.

Jean Rigal, Horizons nouveaux pour l'Église, Cerf, 1999, p. 141-142.

 

Article précédent :
Le déroulement d'une rencontre de partage évangélique