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chronique du 30 octobre 2007
 

À l'écoute de théologiens

Le péché des orignes 4/6

Le péché originel : Et si j’y nageais comme un poisson dans l’eau!

Un visiteur : Voilà plus d’une heure que j’entends parler du péché originel et, je dois dire, pour la première fois de ma vie, de façon intéressante et tout à fait originale!

  Je continue pourtant à n’y rien comprendre et même à croire qu’il n’y a là rien à comprendre. Bien plus! Je rejette ce mythe judéo-chrétien comme quelque chose de malsain. N’est-ce pas tout simplement ce « sens de culpabilité » que la psychanalyse a découvert chez les angoissés et dont elle les soulage en leur montrant qu’il est sans fondement ? Tandis que l’Église catholique l’érige en dogme et nous fait un devoir d’y croire et de nous en tourmenter! Quoi qu’il en soit, c’est un sens que je n’ai pas et dont je ne sens pas le manque ni le besoin. Poser le problème, c’est créer le trouble. Mais il n’y a pas de problème, voilà du moins mon opinion personnelle.

Réponse : Je suis allé l’autre jour rendre visite à un poisson de mes amis. C’est un bon ami, mais il n’est pas toujours facile de trouver avec lui des sujets de conversation. Je crus en trouver un bon en lui parlant de l’eau. Mais il me regarda de son œil de poisson et dans sa langue de poisson il me dit : « Je n’entends rien à ce que vous dites! De l’eau? Apportez-m’en donc un peu, je n’ai jamais vu ça. » Lanza del Vasto, Approches de la vie intérieure, p. 177-178.
    
  Le péché dit des origines est une réalité tout à fait actuelle et non pas seulmenet « originelle » - René Girard

  Ce dernier fait une lecture originale du « mythe de la tentation » dans sa théorie du mimétisme : « Le péché est bien « originel », à la fondation. Mais il reste actuel, car il se reproduit à chaque fois que nous reportons sur autrui, ou sur la nature, ou sur des chimères, la responsabilité des résultats (nuisibles ou positifs, d’ailleurs) de notre propre comportement. En particulier à l’égard de Dieu lui-même ».

Le péché des origines comme accusation

  Dans cette optique, s’il faut réduire le péché originel à une seule notion simple, ce n’est ni la désobéissance à l’ordre divin, ni la volonté de puissance, ni le manque de volonté par rapport à la tentation, ni l’activité sexuelle, ni même, à la limite, la violence ; c’est l’accusation. Satan, c’est l’accusateur, c’est l’incarnation à l’intérieur de chacun de nous du péché originel, et non pas sa source extérieure. Cela donne à René Girard la méthode pour faire face : il ne faut pas « combattre » un ennemi extérieur, mais renoncer et supporter ce qui arrive.

Le péché originel : une faute sexuelle? Sacré Augustin!

  Mes recherches sur le thème de la chute dans la Genèse m’ont permis de réaliser que l’auteur du texte sacré ne connaît pas les notions de péché originel, ni ne parle de faute sexuelle concernant la désobéissance du premier couple humain. Ces réalités ont été introduites plus tard au cours de l’histoire de l’Église. Par exemple, saint Augustin s’appuyait sur des écrits de saint Paul qui lui permettaient de répondre à une question fondamentale : Pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? La réponse de Paul (déterminant dans la conversion d’Augustin) est simple : C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché… (Romains 5, 12).

  Augustin qualifia ce péché d’originel. Pour expliquer qu’il se transmet (selon la traduction semble-t-il erronée de Jérôme) à tous les hommes, par engendrement, comme une souillure héréditaire, il l’assimila au péché de chair, suivant en cela le discrédit de la sexualité dans la morale stoïcienne. Il est à noter que cette « interprétation » est en contradiction avec la lettre du texte de la Genèse, qui parle bien du « fruit défendu » comme celui de la connaissance du bien et du mal, expression qui ne peut signifier que la conscience, par laquelle l’homme se sépare du reste du règne animal. Cette assimilation du « péché originel » à un quelconque « péché de la chair » sera d’ailleurs combattue par nombre de théologiens comme une erreur populaire, au même titre que l’assimilation du fruit à une pomme. Dans un même ordre d’idée, le baptême permettrait d’effacer cette souillure héréditaire.


 

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