Parlons-en!
L'affrontement
du mal 1/6
« Quest-ce que jai fait au bon Dieu?
»
« Suis-je le gardien de mon frère? »
Chers lecteurs, je profite dun début
de semaine qui sannonce paisible, pour effectuer des recherches
en vue de vous présenter un thème pertinent à partir
du récit de Cain et Abel (Genèse
4, 1-17).
« Quest-ce que jai fait au
bon Dieu? » me dis-je, suite à une série dévénements
qui ralentissent la rédaction de ma chronique et le cours de ma
vie quotidienne. En quelques jours, donc, les imprévus se succèdent
à un rythme qui est loin dêtre « zen ».
Je dois aller conduire mon fils ado à lécole parce
quil a raté son autobus; mon épouse mapprend
que je passerai le « week-end » seul, puisquelle devra
animer une session pour les jeunes dans le diocèse de Saint-Jérôme.
Une inondation dans mon sous-sol me fait craindre de perdre des documents
importants. À cause dembouteillages, je perds deux heures
pour me rendre à lArchevêché où je dois
mexcuser pour un navrant retard.
Et pour couronner le tout, mon confrère
de travail se blesse sérieusement! Et une nouvelle secrétaire
quil faut entraîner pour la bonne marche du travail quotidien!
Chers amis lecteurs, je le confesse : mon premier
réflexe na rien du croyant chrétien. Intérieurement,
ma paix est ébranlée. Des phrases issues du « vieil
homme » resurgissent en moi : « Quest-ce que jai
fait au bon Dieu? » et son corollaire : « Suis-je le gardien
de mon frère? »
Avant danalyser le récit de Caïn
et Abel, permettez-moi de vous partager quelques réflexions issues
de cette fin de semaine que je qualifierais « daffrontement
du mal ».
« Quest-ce que jai bien
pu faire au bon Dieu pour quil marrive tel malheur...? »
Cette interrogation, combien de chrétiens
ne lont-ils pas eue sur les lèvres un jour ou lautre?
Pour être juste, combien de chrétiens dun certain âge?...
Cette interrogation ne se rapproche-t-elle pas du raisonnement dÉpicure,
quelques siècles avant J. C. ?
« Ou bien Dieu veut supprimer le mal
et il ne peut pas, et alors il est impuissant... Ou bien il ne veut pas
et ne peut pas, et alors il est incapable... Ou bien il peut supprimer
le mal et il ne le veut pas, et alors il est méchant. Ou enfin,
il peut et il veut, et alors où est ce Dieu, et doù
vient le mal?...»
Ici, je ne veux pas répondre à
la question du mal, ni porter de jugement de valeur. Tout au plus vais-je
tenter danalyser quelques pistes de réflexions personnelles.
« Quest-ce que jai pu faire
au bon Dieu... pour que mon mari me trompe ... pour quil pleuve
durant mes vacances... pour que ma vie soit si monotone... pour que ma
fille me donne tant de trouble?... » Ces questions, somme toute
banales dans leurs contenus, sont peut-être révélatrices
de quelques indices pertinents dans le cadre dune brève recherche
sur lorigine du mal.
Il me semble au premier abord que cette interrogation
sous-tend une culpabilité plus ou moins inconsciente : «
Quest-ce que jai bien pu faire? » Il ny a pas
si longtemps, au Québec, le concept de punition/récompense
était lié à celui de péché/mérite.
Si je fais le bien, je mattire les faveurs de Dieu; si je fais le
mal, je mattire ses châtiments. Cette conception dun
Dieu Juge colorait la trame des événements quotidiens des
chrétiens. Et les prédicateurs ne manquaient pas de rappeler
à leurs fidèles que lon mérite ce que lon
a... Cest comme si lon avait fait de Dieu un « super
sur-moi » à qui lon doit rendre des comptes. Dans cette
hypothèse, la crainte de Dieu se réduit à une culpabilité
purement humaine où le sujet devient esclave de lhumeur du
« bon Dieu ».
Autre piste
Projeter sur un « bon Dieu » langoisse
de nos souffrances et de nos malheurs » réduit peut-être
lintensité psychologique de langoisse. Mais qui est
ce « bon Dieu » (
) Est-il le Dieu révélé
en Jésus Christ ? Linterrogation que janalyse nest-elle
pas une interrogation « théiste »? Qui est ce «
bon Dieu » ? Par définition, sil est bon, il est le
Dieu qui me garantit que je suis bon parce que je crois en lui. Il peut
minspirer dans le choix de mes valeurs, de mes actes et même
de mes options. Si je fais de mauvais choix, sil marrive des
malheurs, je me demanderai en quoi jai manqué pour que le
« bon Dieu », garant de lordre moral, menvoie
une épreuve ou un malheur...
Chronique
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