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chronique du 21 octobre 2008
 

La figure de Moïse (2/6)

Une erreur de perspective !

Dans la précédente chronique, je vous invitais à passer d’un Moïse hollywoodien au Moïse biblique. Qu’elle est donc l’erreur encore trop courante qui m’habitait lorsque enfant, je regardais, ébahi, le film Les Dix commandements ? Il s’agit d’une erreur de perspective communément appelée lecture au premier degré d’un texte biblique ou autre.

Pour beaucoup de passages de la Première Alliance, il faut pratiquer une lecture « éclairée ». Il serait absurde de juger un texte millénaire à la lumière d'une lecture littérale et fondamentaliste avec des esprits du 21e siècle. En effet, nous avons là le type même d’un récit choquant au premier degré : une guerre sainte avec une cause prétendument juste. Cette conception peut effectivement choquer nos mentalités modernes. Peut-être serait-il bon cependant de voir comment Dieu a révélé progressivement son vrai visage, en faisant patiemment l'éducation religieuse de l'humanité qu'il a prise là où elle en était. Il nous est trop facile de juger les siècles passés avec l'acquis actuel de la Révélation, tout comme l'adulte qui jugerait puérile la foi de son enfance.

Les dangers d'une lecture au premier degré

L’enjeu est capital. Une interprétation fallacieuse ou trop rapide du texte biblique conduit à des dérapages, certains anecdotiques, mais d’autres effroyables, comme l’atteste l’histoire de l’humanité et de l’Église. Celles-ci sont jalonnées de nombreuses actualisations erronées qui eurent des conséquences néfastes voire criminelles. Justifiés par une soi-disant légitimité fondée sur tel ou tel verset, en réalité tordu et dénaturé, compris hors de son contexte, les pires agissements ont eu lieu. Rappelons par exemple ceux que l’Histoire a retenus : les croisades, l’antisémitisme du Moyen-âge, l’esclavage, l’asservissement et le massacre des populations précolombiennes en Amérique, la colonisation, le racisme aux États-Unis, la ségrégation en Afrique du Sud, le refus des transfusions sanguines par les Témoins de Jéhovah, etc.

On se souvient également de la condamnation de Galilée par l’Inquisition en 1633 qui le contraint à renier sa thèse sur la révolution de la terre… à cause d’une interprétation impropre de deux passages semblant soutenir le mouvement du soleil et non celui de la terre : Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau, ainsi que l’épisode où le soleil s’arrête durant la bataille de Gabaôn (Qohélet 1,5 et Josué 10,12).

Plus récemment, certains chrétiens tordirent le sens du texte biblique et justifièrent, grâce à des raccourcis fallacieux, la « théologie de l’abondance », doctrine affirmant qu’il existe un lien automatique entre richesses matérielles et bénédictions spirituelles.

Un exemple plus grave encore de mauvais traitement infligé au texte biblique, et qui touche la moitié de l’humanité, concerne la femme. S’appuyant sur des versets cités le plus souvent hors contexte et sans nuances (par exemple « le corps de la femme ne lui appartient plus » ou encore « l’homme est le chef de la femme »), des abus de toutes sortes sont infligés à la femme, que ce soit en tant qu’épouse ou même en tant qu’être humain. On lui a refusé, voire on lui refuse encore, le droit d’étudier, de travailler ou de s’épanouir selon ses dons, bref d’être l’égale de l’homme, comme le prévoyait le dessein divin à la création. La Bible devient alors le moyen de légitimer la violence, la domination, l’injustice.

Même en ce début de 21e siècle, les exemples de détournement du texte en vue d’une actualisation partisane sont toujours aussi fréquents. Évoquons les groupes sectaires qui accordent souvent aux responsables un pouvoir abusif sur la vie privée des personnes. Il faudrait aussi parler des prises de position éthiques douteuses qui ne s’appuient que sur une lecture superficielle des textes bibliques.

Une actualisation respectueuse du texte

L’importance d’une actualisation respectueuse du texte pour éviter les dérapages se fait aussi ressentir au niveau individuel. En effet, il est important d’avoir des convictions et des comportements personnels qui découlent de la Parole. Cela me conduira à une plus grande cohérence entre mon être et mon faire, à avoir un amour plus sain et équilibré de Dieu, de moi-même et des autres, bref à connaître un mieux-être. La loi et les principes bibliques sont bons pour moi, ils ont pour but de m’instruire et de me conduire vers une plus grande maîtrise de mon être créé à l’image de Dieu. C’est parce qu’ils correspondent à la pensée de l’Auteur que les enseignements bien compris sont porteurs de liberté et d’harmonie pour ma vie personnelle.

 

 

Chronique précédente :
La figure de Moïse (1/6)