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chronique du 3 mars 2009
 

Le péché, parlons-en ! 2/2

Dans les précédentes chroniques, nous avons déjà exploré des textes de la Genèse qui tentent de cerner et d’expliquer la notion de péché et la capacité de l’être humain à rompre l’alliance de façon délibérée. Nous avons parcouru les récits de la chute (Gn 3, 1-19), de Caïn et Abel (Gn 4, 1-7) et du déluge (Gn 6,5 - 8,22).

II y a cinquante ans, j'ai reçu une catéchèse sur le péché originel, qui rejetait sur Adam et Ève toute la culpabilité du genre humain, y compris la mienne, en ce qui concerne la rupture de la relation à Dieu. Avec les années, je suis rendu compte, en déblayant le terrain, que le péché originel n'est pas tellement de l'ordre du passé, mais du présent, car il me concerne. Le péché, je l'expérimente dans ma chair et dans mon esprit, dans ma propre histoire d'homme. Ma responsabilité est en cause. Le récit des origines vient éclairer ma foi, mais il n'en demeure pas moins que c'est moi, ici et maintenant, qui expérimente le mal et le péché.

  • Le péché, c’est refuser ma condition humaine limitée, ne pas m’accepter comme un être ayant une durée historique et un devenir à bâtir. C’est arrêter le mouvement de la vie. C’est refuser le don gratuit de la vie. Comment est-ce que je me situe par rapport à ces affirmations ?
  • Reconnaître la valeur de ce que je suis, c’est reconnaître que Dieu a bien fait les choses en me créant. Comment puis-je dans ma vie développer « ce langage du don »? Comment se fait-il que je suis si peu porté à rendre grâces à Dieu pour la bonté de la création?

Sans vouloir faire l’exégèse de mon éducation religieuse, je pense découvrir un élément de réponse important  à la question que je me pose.  Le Petit Catéchisme que j'ai appris « par cœur » était inspirée de la pensée du Concile de Trente dont les définitions de la foi avaient été transmises selon une pédagogie qui n’avait pas beaucoup de rapport avec le Dieu vivant de la Bible. En résumé, on affirmait d’une part que Dieu existe et qu’il est infiniment parfait; et d’autre part que l'Homme et les créatures,  en n'étant pas d'essence divine, sont imparfaites et pécheresses. Avec une tel­le conception, j'ai appris que l'humilité consistait, à toute fin utile, à me dévaloriser, à me sentir « réduit » devant un Dieu immuable et transcen­dant. Bien sûr, il faut mettre des bémols, mais je fus tout de même fortement très influencé par cette présentation d’un Dieu juge et lointain.

En revanche, je découvre dans la Bible une toute autre manière de penser. Pour les rédacteurs de la Bible, Dieu et l'Homme font alliance; Dieu reste bien « Dieu », mais l'Homme n'est pas une créature négligeable. Dieu et l'Homme sont faits pour se parler, pour se dire et se communiquer l'un à l'autre, chacun selon son essence. Aucun autre être vivant ne peut entrer en relation avec Dieu comme peut le faire l'Homme d'une façon unique.

Toute la Bible me parle de la dignité de la personne humaine. Dans cette perspective, reconnaître ma valeur et celle de toute la personne humaine, c'est également reconnaître la valeur de Dieu. Je dois dire que le fait de passer d'un Dieu juge au Dieu personnel et relationnel de la Bible ne va pas de soi. Je suis encore en cheminement et imperceptiblement, je passe d'un registre à l'autre. Pour ce faire, je dois évangéliser « la catéchèse que j'ai reçue ». Je suis en train de passer d'une vision individualiste du salut à une vision beaucoup plus relationnelle, responsable, communautaire... Mais on ne peut changer de vieux réflexes en un seul jour!

Selon la foi biblique, le langage de la création me parle d’un Amour généreux qui donne à profusion. Dieu donne la Vie en abondance et il considère l’être humain comme un véritable co-créateur comme le chante le psalmiste :

À peine fis-tu l'Homme moindre qu'un Dieu;
tu le couronnes de gloire et de beauté,
pour qu'il domine sur l'oeuvre de tes mains;
tout fut mis par toi sous ses pieds (Psaume 8, 6-7).

La notion de péché étant un peu mieux cernée, je vous propose dans les prochaines chroniques une lecture du Décalogue que Dieu communiqua à Moïse.

 

Chronique précédente :
Le péché, parlons-en ! 1/2