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chronique du 15 mars 2013
 

Sept règles saugrenues de l’Ancien Testament

L’Ancien Testament contient des centaines de prescriptions à suivre. Selon le judaïsme rabbinique, il y aurait 613 commandements. La plupart sont très compréhensibles et contribuent à une meilleure qualité de la vie de la personne et du groupe qui les observent.

     Pourtant, certaines prescriptions nous semblent insolites et n’ont plus vraiment de sens pour nous aujourd’hui. Elles exigent une recherche sérieuse pour découvrir dans quel contexte elles ont été élaborées. Voici un florilège des sept règles bibliques les plus savoureuses, avec une brève explication de leur origine :

1. « Que tes vêtements soient toujours blancs. » (Qohéleth 9, 8)

     Le livre de Qohéleth expose dans ce passage qu’il faut jouir de la vie et de tous ses plaisirs comme des dons de Dieu. Les vêtements blancs sont symboles de joie. Par ailleurs, toujours s’habiller en blanc peut devenir un peu monotone…

2. « Ne porte pas de vêtements en étoffe hybride, tissée de deux fibres différentes. » (Lévitique 19, 19)

     Pourquoi ne porter que des vêtements tout laine, ou tout coton, ou tout lin? Parce que les mélanges apparaissaient comme des manifestations du désordre. La création de Dieu consistait à séparer, à mettre de l’ordre dans ce qui était confus. Dans la même ligne de pensée, le Lévitique interdit l’accouplement d’espèces animales différentes, les champs semés de graines diverses et les labours menés avec deux espèces animales différentes. Chaque chose doit être à sa place, on ne peut mélanger ce qui doit être séparé. Si le sujet vous intéresse, il existe des inspecteurs juifs orthodoxes chargés de vérifier les vêtements afin qu’ils respectent cette loi!

3. « Ne taillez pas en rond le bord de votre chevelure, et ne supprime pas ta barbe sur les côtés. » (Lévitique 19, 27)

     Ce verset donne le sens de la longue barbe et des cheveux que portent les juifs hassidiques. Pour suivre cette règle, ils ne coupent pas leur barbe et laissent pousser leurs favoris en longues boucles. À l’origine, la loi interdisait peut-être ce genre de coupe parce qu’elle faisait partie d’un rituel païen de deuil.

4. « Quand une femme est atteinte d’un écoulement, que du sang s’écoule de ses organes, elle est pour sept jours dans son indisposition, et quiconque la touche est impur jusqu’au soir. » (Lévitique 15, 19)

     Dans beaucoup de sociétés primitives, les règles des femmes étaient vues comme une impureté. Elles provoquaient une angoisse devant le sang qui coule apparemment sans raison. Chez les Hébreux, le sang est le symbole de la vie donnée par Dieu. Tout ce qui touche à la fécondité et à la reproduction possède aussi un caractère sacré et mystérieux. Étaient donc impurs ceux qui touchaient la femme pendant cette période, mais aussi quiconque se couchait dans un lit où elle s’était couchée ou s’asseyait sur un siège où elle s’était assise. Pour respecter cette loi, il fallait donc s’abstenir de tout contact physique avec une femme, à l’époque de ses règles, ou avoir une tente spéciale pour les femmes impures du clan.

5. « Ne vous faites pas dessiner de tatouage. » (Lévitique 19, 28)

     Les tatouages étaient proscrits puisqu’ils pouvaient représenter des divinités autres que YHWH. Le décalogue interdit la représentation de ce qui est au ciel et sur la terre. Les tatouages entrent dans cette interdiction. Ils étaient aussi l’un des signes distinctifs des prostitués.

6. « Une femme ne portera pas des vêtements d’homme; un homme ne s’habillera pas avec un manteau de femme, car quiconque agit ainsi est une abomination pour le Seigneur ton Dieu. » (Deutéronome 22, 5)

     D’où vient cette interdiction des travestissements? Peut-être d’un usage associé à un culte cananéen. Aussi, l’ordre est-il très important dans la Bible : il n’est pas permis de confondre l’apparence d’un homme et d’une femme. En 2009, une journaliste soudanaise, Lubna Hussein, encourt quarante coups de fouet pour avoir porté un pantalon, un vêtement d’homme, en public. La loi islamique nous ramène parfois à la mentalité des temps bibliques.

7. « Lorsqu’un homme et son frère s’empoignent, et que la femme de l’un d’eux s’approche pour délivrer son mari de la main de son adversaire, si elle avance la main et saisit les parties honteuses de celui-ci, tu couperas la main à cette femme. Tu ne t’attendriras pas. » (Deutéronome 25, 11-12)

     Cette situation paraît si insolite que l’on est en droit de se demander pourquoi elle se retrouve dans la Bible. Si l’on a pris la peine de l’écrire et de la transmettre, c’est que la chose a dû se présenter, à plus d’une reprise. Bien que je comprenne les hommes de la Bible de ne pas vouloir se faire prendre « les parties honteuses » par la femme d’un adversaire, lors d’un combat…

Réflexions

     Toutes ces règles nous paraissent très bizarres. On pourrait y ajouter toutes les lois concernant les sacrifices d’animaux et les normes sur l’alimentation. Des juifs et certains chrétiens essaient encore aujourd’hui de suivre ces règles, même s’ils ne comprennent pas leurs fondements. Ils se disent que Dieu doit avoir ses raisons.

     Si l’application de ces règles vous intéresse, je vous suggère le livre de A. J. Jacobs, L’année où j’ai vécu selon la Bible [1] ». L’auteur, un juif non pratiquant, réalise le pari de suivre les prescriptions bibliques à la lettre, pendant un an. 

[1] Paris, Éditions Jacqueline Chambon, 2008. Traduction française du livre américain : Living Biblicaly.

Sébastien Doane

Texte complet dans :
Mais d’où vient la femme de Caïn. Les récits insolites de la Bible
Sébastien Doane, Montréal, Novalis ; Paris, Médiaspaul, 2010.

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Une partie de poker avec Satan