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chronique du 5 février 2016
 

Jouir pour concevoir

Statuette d'un couple en gypse

Statuette d'un couple en gypse retrouvée sous le sol
du temple d'Inanna à Nippur (Mésopotamie)
c. 2600 avant notre ère

Avec la Saint-Valentin qui approche, je vous propose un texte portant sur le plaisir de la chair. Ceci est une incursion dans une manière inhabituelle de comprendre la conception d’un enfant de la culture biblique. Étonnamment, pour certains textes, la procréation semble reliée au plaisir de la relation sexuelle. 

La jouissance de Sarah

     L’annonce de la naissance d’Isaac est vraiment inattendue pour ses parents. En effet, le livre de la Genèse raconte qu’Abraham a 100 ans et Sarah 90 ans. Sarah avait toujours été stérile et elle n’avait plus ses règles depuis longtemps. Or un ange lui annonce qu’elle sera enceinte. Voici sa réaction : « Sara se mit à rire en elle-même et dit : ‘Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir? Et mon maître est si vieux!’ » (Gn 18,12) Les circonstances de la conception de cet enfant sont certainement singulières. Mais le fait qu’un personnage féminin parle du plaisir sexuel l’est tout autant.

     Le mot hébreu ici traduit par jouissance est ‘edna. Ce mot rappelant le jardin d’Éden a une connotation de joie, de plaisir et ici de la jouissance reliée à la relation sexuelle. Ce verset est souvent commenté par rapport au rire de Sarah, mais rares sont les éclaircissements au sujet de sa jouissance. La manière dont est énoncée la réponse de Sarah montre qu’on faisait un lien entre la jouissance et le fait de devenir enceinte.

Le plaisir nocturne

     De même, dans le livre de la sagesse, on attribue à Salomon la réflexion suivante au sujet de sa conception : « Dans le ventre d’une mère, j’ai été sculpté en chair. Durant dix mois, ayant pris consistance dans le sang à partir d’une semence d’homme et du plaisir qui accompagne le sommeil… » (Sagesse 7,1-2). Ce texte écrit en grec utilise èdonè pour désigner le plaisir. Ce mot a donné hédoniste en français. Le plaisir nocturne auquel fait référence ce verset ne fait aucun doute. Il révèle qu’à cette époque la conception nécessitait la semence d’homme et de la jouissance sexuelle pour qu’il y ait conception.

     Nous savons aujourd’hui que la conception d’un enfant n’a pas de lien avec le plaisir d’une relation sexuelle. Mais, il est important de noter que loin de mépriser le plaisir de la chair, dans la Bible, la jouissance d’un acte sexuel joue un rôle important dans la procréation.

Sébastien Doane

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