 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
|
 |
Ruth, la Moabite
À l’époque où gouvernaient les Juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléem de Juda émigra avec sa femme et ses deux fils pour s’établir dans la région appelée Champs-de-Moab. L’homme se nommait Élimélek, sa femme Noémi et ses deux fils Mahlôn et Kilyôn. Ils étaient des Éphratéens de Bethléem de Juda. Ils arrivèrent aux Champs-de-Moab et s’y établirent (Ruth 1, 1-2). Les deux fils épousèrent des femmes du pays : Orpa et Ruth. Seule Ruth, après la mort de son époux, ne quitta pas Noémi et vint s’établir avec elle à Bethléem, pour y devenir une étrangère. Avant d’aller plus loin dans cette histoire, faisons connaissance avec le pays de Moab.
Le pays de Moab
Moab est d’abord la désignation géographique du plateau de la montagne de Kérak. Ce plateau s’étend sur 30 km du nord au sud depuis le wadi Arnon et s’élève jusqu’au wadi Zered qui se jette dans la mer Morte à son extrémité sud.
Pays de Moab
Le territoire du pays de Moab couvre toutefois une superficie plus étendue, allant de la mer Morte à l’ouest jusqu’au désert arabique à l’est. Cette région se trouve aujourd’hui en Jordanie.
La région a été occupée dès le 13e siècle A.C. par une population sémitique d’éleveurs et d’agriculteurs. L’Égypte exerce son influence sur la région aux 13e et 12e siècles. La mention de Moab apparaît sur des reliefs du temple de Louxor qui évoquent la conquête de Dibôn au temps de Ramsès II, ainsi que sur la stèle d’el-Balu’a sur laquelle un personnage apparaît sous les traits d’un chef de la tribu des Shosou qui sont bien connus par les textes égyptiens. Dans un oracle, le voyant moabite Balaam laisse entendre que les fils de Seth s’étaient établis dans cette région : Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël. Il brise les flancs de Moab, il décime tous les fils de Seth (Nombres 24, 17).
Les tribus de Moab ont souvent occupé le plateau fertile au nord de l’Arnon. Elles y ont affronté d’autres populations, tels les gens de Heshbôn au pays des Amorites (Nb 21, 27-30) et les Israélites auxquels ils imposèrent un tribut : Les fils d’Israël recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur, et le Seigneur donna force à Églone, roi de Moab, contre Israël, puisqu’ils faisaient ce qui est mal aux yeux du Seigneur. Églone s’adjoignit les fils d’Ammone et Amalec, puis il alla battre Israël ; ils prirent possession de la ville des Palmiers. Les fils d’Israël servirent Églone, roi de Moab, pendant dix-huit ans (Juges 3, 12-14). Mais la tribu de Gad, suite à une victoire sur les Amorites, put s’étendre jusqu’à l’Arnon : Ils occupèrent entièrement le territoire des Amorites, depuis l’Arnon jusqu’au Yabboq, depuis le désert jusqu’au Jourdain (Jg 11, 22). Le pays de Moab fut conquis plus tard par le roi David : David battit les Philistins, les soumit et les priva de leur hégémonie. Il battit les gens de Moab et, les ayant couchés à terre, il les mesura au cordeau : deux cordeaux à destiner à la mort et un plein cordeau à laisser en vie. Alors Moab fut asservi à David et paya tribut (2 Samuel, 8, 1b-2).
Le royaume de Moab
On croit que le royaume de Moab s’est constitué autour des années 900 A.C.. Après la mort de Salomon, le royaume de Moab devint le vassal du royaume d’Israël dont la capitale était Samarie. Omri puis Achab lui imposèrent un tribut. À la mort d’Achab, le roi Mésha cessa de payer le tribut (2 Rois 3, 4) et résista à la campagne militaire israélite que l’on mena contre lui. Victorieux, Mésha put alors redonner l’indépendance à son royaume et en étendre même le territoire jusqu’au nord de l’Arnon. Il déménagea la capitale de Qir-Hèrès à Dibôn. Le royaume de Moab connut une grande prospérité car ses terres fertiles permettaient l’agriculture et l’élevage et sut profiter du commerce international qui transitait par la Transjordanie. En 729, Moab passa sous la tutelle de l’Assyrie, quelques années avant le royaume d’Israël (en 721), et se montra un vassal fidèle.
La langue moabite est proche de l’hébreu. La stèle de Mésha en fournit un bon exemple. Quant à la religion, on rendait un culte à Kemosh, le dieu national.
Source: Le Feuillet biblique, no 2201. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
Chronique précédente :
Le livre de Ruth - Introduction
www.interbible.org