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Le livre de Ruth (7/8)
 

Le statut de l'étranger en Israël

On connaît le dicton « Qui prend mari prend pays ». C’est un peu ce qui est arrivé à Ruth la Moabite qui, après la mort de son mari, a choisi de suivre sa belle-mère Noémi et de s’installer avec elle à Bethléem. Elle est ainsi devenue une immigrante, une étrangère au pays de Juda. Qu’en était-il du statut de l’étranger dans le pays que le Seigneur avait donné à son peuple qui avait été lui-même étranger en Égypte? Dans le Pentateuque, nous avons la chance de compter sur trois grands codes de lois qui, ayant été composés à des époques différentes, nous permettent de retracer l’évolution du statut de l’étranger dans la société israélite :

    Dans les trois prescriptions du Code de l’Alliance, le terme utilisé pour désigner l’étranger est ger. Il s’agit de l’immigré qui est devenu résident, ayant dû fuir son pays à cause de la famine, de la guerre et parfois d’un crime. On demande aux Israélites de traiter les étrangers avec humanité en se rappelant qu’ils ont été étrangers en Égypte : Tu n’exploiteras pas l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous‑mêmes des immigrés en Égypte (Exode 22, 20). On doit aussi faire participer les étrangers au repos du sabbat : Pendant six jours, tu feras ce que tu as à faire, mais, le septième jour, tu chômeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent, et que le fils de ta servante et l’immigré reprennent souffle (Ex 23, 12). Enfin, l’étranger doit être secouru au même titre que la veuve et l’orphelin, car il fait partie des plus pauvres envers lesquels Dieu s’engage (Ex 22, 21-22.25-26).

    Le Code deutéronomique emploie, en plus de ger, un terme plus générique, nokri, pour désigner l’étranger. C’est le terme par lequel Ruth s’identifie devant Booz : Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, pourquoi t’intéresser à moi, moi qui suis une étrangère ? (Ruth 2, 10). Les prescriptions concernant le ger sont les mêmes que dans le code de l’Alliance. Le nokri par contre est considéré différemment car c’est l’étranger qui n’a pas de lien avec Israël. C’est le voyageur, le commerçant, le visiteur qui appartient à une autre nation et ne fait que passer. Il n’est pas soumis à la Loi ni protégé par elle. Les devoirs envers lui se résument quasiment aux coutumes d’hospitalité. Pour le reste, on peut lui faire des prêts à intérêt (Dt 23, 21), le contraindre au remboursement (Dt 15, 3), lui vendre de la viande interdite aux israélites (Dt 14, 21).

    Enfin, la Loi de sainteté élaborée au retour de l’exil par le clergé du temple de Jérusalem reconnaît au ger, l’étranger résident, le même soutien juridique que le Code de l’Alliance. Il y a cependant une différence notable. L’étranger résident devient un sujet de la Loi, c’est-à-dire qu’il doit être traité comme un habitant du pays : Quand un immigré résidera avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas. L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un israélite d’origine, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu (Lévitique 19, 33-34).

    En rapport avec le livre de Ruth, rappelons que l’étranger est associé à la veuve et l’orphelin et qu’il est autorisé à glaner dans les champs : Lorsque vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas jusqu’à la lisière du champ. Tu ne ramasseras pas les glanures de ta moisson, tu ne grappilleras pas dans ta vigne, tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ta vigne : tu les laisseras au pauvre et à l’immigré. Je suis le Seigneur votre Dieu (Lv 19, 9-10). L’étranger résident doit se soumettre aux prescriptions de la Loi comme tout autre Israélite. Par exemple, il peut offrir un sacrifice mais dans le respect des règles (Lv 17, 8-9), il lui est interdit de consommer le sang de la viande (Lv 17, 10-13), il doit respecter les lois sexuelles (Lv 18) et ne pas blasphémer le nom du Seigneur (Lv 24, 16).

    Ce bref survol permet de voir que le statut de l’étranger résident (ger) a connu une évolution sensible sur une période de trois siècles. Objet d’attention pour des motifs humanitaires, l’étranger en est arrivé à être considéré comme un frère, un membre « associé » du peuple de l’Alliance dont il doit en retour observé les lois. Par contre le statut de l’étranger de passage (nokri) le confine à l’exclusion.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2206. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre de Ruth - Les épousailles de Booz et de Ruth

 

 

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