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Le Cantique des cantiques (6/6)
 

Un florilège de lectures

Le Cantique des cantiques a suscité une quantité impressionnante de commentaires et d’interprétations, notamment chez les Pères de l’Église. Il fait partie du Top 5 des plus « grands vendeurs » de la Bible avec la Genèse, les Psaumes, Isaïe et l’Évangile selon saint Jean. Son caractère énigmatique, bien entendu, excite la curiosité. Comment a pu se retrouver dans la Bible un livre qui chante et célèbre l’amour humain, avec ses accents érotiques d’une part et son absence des références religieuses habituelles d’autre part? La plupart des commentateurs optent pour une interprétation spirituelle, soit l’union mystique de l’âme avec Dieu, soit l’allégorie de la relation de Dieu avec son peuple Israël, ou de l’union du Christ et de l’Église. Parmi les Pères, Origène (au 3e siècle) et saint Bernard de Clairvaux (au 12e siècle) sont les commentateurs les plus prolifiques.

    La lecture spirituelle du Cantique n’est pas propre aux Père de l’Église. On la retrouve également chez les rabbins juifs qui y voyaient l’histoire de l’amour de Dieu pour Israël. C’est sans doute cette interprétation qui a permis au Cantique d’être accepté dans le canon des Écritures. N’eût été de rabbi Aquiba (vers 45-135), le livre aurait été mis de côté. En effet, on peut lire dans le Talmud (traité Sanhédrin, 101a) une position qui semble faire allusion à l’usage profane du Cantique lors des banquets : « Nos maîtres ont enseigné : Celui qui récite un verset du Cantique des cantiques en le traitant comme un chant (profane) amène le mal sur le monde ». Les propos de rabbi Aquiba ont cependant eu un impact déterminant sur l’admission du Cantique dans la Bible hébraïque : « Le monde ne vaut pas le jour où le Cantique des cantiques fut donné à Israël, car tous les Écrits sont saints, mais le Cantique des cantiques est le Saint des saints » (Talmud de Babylone, traité Yadayim, 3, 5). Les propos de rabbi Aquiba ont de quoi surprendre : le Cantique occupe parmi les écrits bibliques la même place que le Saint des saints qui désigne dans le Temple de Jérusalem la partie la plus sacrée, celle où demeure la présence divine. 

    Elles seraient nombreuses les chroniques qu’il faudrait consacrer au traitement des diverses interprétations et applications du Cantique des cantiques. Les auteurs spirituels comme saint Jean de la Croix y ont vu les diverses étapes de l’union mystique de l’âme avec Dieu. Il n’y a pas de texte biblique plus approprié pour chanter l’intimité d’amour avec Dieu et le désir de le contempler face à face. Le bien-aimé est la figure de Jésus Christ, le Fils de Dieu sorti du Père pour entraîner à sa suite jusque dans le sein du Père, ceux qui croient en lui et qui sont représentés par la bien-aimée. D’autres y découvrent des allusions à la vie sacramentelle. Par exemple, l’entrée dans le baptistère est évoquée par les mots de la bien-aimée : Le roi m’a introduite dans sa chambre (1, 4); l’invitation « Mangez, amis, buvez » (5, 1) fait référence à l’eucharistie.  Le Cantique sera appliqué de façon privilégiée à la Vierge Marie en qui les auteurs spirituels voient l’épouse parfaite de Dieu et la figure de l’Église. Saint Bernard est le chantre le plus célèbre de cette interprétation mariale : 


« Une flèche particulièrement choisie : tel est l’amour du Christ. Elle a non seulement atteint l’âme de Marie, mais elle l’a transpercée si bien que dans son cœur virginal il ne reste aucune parcelle sans amour. Ainsi, elle aime de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force; ainsi elle est comblée de grâce.

Et cette flèche l’a aussi transpercée de manière à venir jusqu’à nous pour qu’à sa plénitude nous tous ayons part : ainsi Marie deviendrait la mère de cet amour, dont le père est l’Amour même, Dieu. Elle a enfanté, et dans le soleil elle a planté sa tente, accomplissant ainsi cette parole de l’Écriture : J’ai fait de toi la lumière des nations, pour que mon salut atteigne jusqu’aux extrémités de la terre (Is 49, 6). Voilà ce qui a été accompli par l’Intermédiaire de Marie : elle a enfanté et rendu visible dans la chair celui que, invisible, elle avait accueilli d’ailleurs que de la chair, et sans le concours de la chair. »

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2213. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le Cantique des cantiques - Il est grand l'amour de l'homme et de la femme

 

 

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