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Le livre de Qohélet (4/5)
 

Le travail et les biens matériels

Il y a un temps pour chaque chose, et chaque chose survient en son temps, écrit Qohélet. Notre philosophe identifient trois temps qui constituent la trame de fond de la destinée humaine : le travail, la vieillesse et la mort. Dans cette chronique, il sera question du travail et de son corollaire, l’usage des biens matériels. On trouve ces réflexions dans les passages suivants : 4, 4-16; 5, 9-19; 6, 7-12.

Un temps pour planter et bâtir

    Les vieux mythes mésopotamiens concevaient le travail comme le service des dieux : pendant que les hommes travaillent, ils ne pensent pas à devenir comme eux. À l’inverse la tradition biblique considère le travail comme le moyen pour l’homme de collaborer à l’achèvement de la création. Le Seigneur Dieu n’avait-il pas confié à Adam la fonction de jardinier (Genèse 2, 8-24). On est porté à croire qu’Adam devait y trouver un plaisir fou, alors que Dieu paraît le seul à s’inquiéter de le voir tout faire, tout seul. D’où le besoin de lui donner une aide semblable à lui, qui s’est avérée sa compagne de vie plutôt qu’un aide-jardinier, quoiqu’ils aient dû jardiner ensemble. Dans les faits, il ne faut pas trop idéaliser le travail : dans la législation deutéronomique sur le sabbat, les six jours de travail sont assimilés au temps de la servitude en Égypte alors que le sabbat, jour chômé pour tous, est le mémorial hebdomadaire de la libération pascale (Deutéronome 5, 12-15).

    Si l’homme peut trouver du bonheur dans son travail, il court aussi le danger d’en devenir esclave. Certains propos de Qohélet ont des accents très modernes. Les rivalités liées au travail font penser à la concurrence et à la performance : J’ai vu aussi que toute la peine, tout le succès d’un travail, n’est que rivalité des uns contre les autres. C’est encore vanité et poursuite de vent (4, 4).

    Le travail est un don de Dieu qui permet à l’homme de trouver du bonheur et d’adoucir sa vie par une certaine aisance: Voilà donc ce que moi j’ai vu : c’est chose belle et bonne, pour l’homme de manger et de boire, de trouver son bonheur dans toute la peine qu’il se donne sous le soleil pendant les jours que Dieu lui accorde. Telle est la part qui lui revient. Si Dieu donne à quelqu’un biens et richesses avec pouvoir d’en profiter, d’en prendre sa part et de jouir ainsi de son travail, c’est là un don de Dieu. Il ne s’inquiète guère pour sa vie tant que Dieu emplit de joie son cœur (5, 17-19). Mais il y a une contrepartie. On peut se perdre dans le travail. Dans une autre réflexion, on dirait que Qohélet anticipe les «workaholiques» de la société contemporaine, attachés à leur portable, cellulaire et autres outils de travail qui les suivent partout : J’ai regardé encore et j’ai vu une autre vanité sous le soleil : voici un homme seul, sans personne, ni frère ni fils, qui travaille à n’en plus finir, toujours avide de plus de richesses. Il ne se demande pas : «Mais pour qui travailler ainsi en me privant de bonheur ?» C’est encore de la vanité, une besogne de malheur (4, 7-8). Le travail effréné peut devenir un esclavage et conduire l’homme à sa perte.

    Le travail amène Qohélet à réfléchir sur le rapport que l’être humain entretient avec les biens matériels. La richesse et la prospérité sont perçues dans la culture biblique proche orientale comme une bénédiction divine : Si Dieu donne à quelqu’un biens et richesses avec pouvoir d’en profiter, d’en prendre sa part et de jouir ainsi de son travail, c’est là un don de Dieu. Il ne s’inquiète guère pour sa vie tant que Dieu emplit de joie son cœur (5, 18-19). Mais elles peuvent provoquer l’effet contraire en détournant l’être humain du vrai sens de la vie, et de la perdre : Voici un triste cas que j’ai vu sous le soleil une fortune amassée pour le malheur de son maître. Il perd son avoir dans une mauvaise affaire, et quand lui naît un fils, celui-ci n’a rien en main. Sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il est venu. Il n’emportera rien de son travail, rien que sa main puisse tenir. C’est aussi une triste chose qu’il s’en aille comme il était venu. Qu’a-t-il gagné en peinant pour du vent ? Il ronge ses jours dans le noir, la tristesse profonde, la souffrance et l’irritation (5, 12-16). Comme on dit souvent, on n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2228. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre de Qohélet - Un temps pour chaque chose...

 

 

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