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Le livre de Tobie (2/7)
 

Un livre deutérocanonique ou apocryphe?

Le livre de Tobie est un écrit deutérocanonique de l’Ancien Testament, c’est-à-dire qu’il n’appartient pas à la liste des livres que le judaïsme reconnaît comme canoniques et inspirés. Il ne fait donc pas partie de la Bible hébraïque, ni de la Bible protestante qui modèle son canon 1 des écrits de l’Ancien Testament sur celui du judaïsme. C’est par une autre tradition biblique que ce livre de Tobie nous est donc parvenu : par le biais d’une ancienne traduction grecque de l’Ancien Testament qu’on appelle la Septante 2. Or, la Septante contient sept livres de plus que la Bible hébraïque 3, livres que les traditions catholiques et orthodoxes ont retenus dans leur canon des écrits de l’Ancien Testament. Le livre de Tobie est l’un d’entre eux. Ainsi, selon que l’on accepte le livre comme étant canonique ou non, on qualifiera Tobie de « deutérocanonique 4 » (ce que font les catholiques et les orthodoxes) ou « d’apocryphe 5 » (ce que font les juifs et les protestants).

    Le livre de Tobie a sûrement été composé, à l’origine, en langue sémite (hébreu ou araméen), mais il ne nous est parvenu qu’en traduction. En ayant fait la comparaison de tous les manuscrits connus à ce jour du livre biblique, la critique textuelle en est venue à identifier deux formes, assez différentes, du texte de Tobie - voire une troisième - : un texte dit « long », en grec, qu’on retrouve dans le codex Sinaïticus 6 et un texte dit « court », aussi en grec, dont témoigne la majorité des autres manuscrits. Le texte long, pittoresque, coloré aux accents sémitiques, est probablement plus primitif et reflète sans doute mieux l’original disparu. Le texte court, moins spontané, semble retouché pour corriger le grec, ôter les détails superflus, se centrant sur les leçons édifiantes du livre. Les traducteurs d’aujourd’hui se fondent plutôt sur le texte long dont on corrige les lacunes à l’aide du texte court 7. Une troisième forme du texte de Tobie, plus tardive, mérite peut-être une mention : la traduction latine qu’en a faite au 5ème siècle saint Jérôme, dans la Vulgate, d’après, dit-il lui-même, un original araméen par ailleurs disparu. C’est cette troisième forme du texte que l’on entend lorsqu’on utilise le livre de Tobie dans la liturgie catholique depuis le 5ème siècle.

    Les détails historiques donnés par le narrateur dans le livre de Tobie, n’étant pas fiables, ne nous aident en rien pour la datation de l’œuvre. Son contenu sapientiel, cependant, s’apparentant aux autres œuvres de sagesse de la Bible (tel Siracide), nous aidera davantage. L’idéal juif mis de l’avant par le livre, reflétant une piété aux couleurs pharisiennes, nous met aussi sur la piste; or le Pharisianisme fera ses racines au sein du 2ème siècle av. J.C. Ainsi serait-il prudent de situer l’œuvre comme ayant été composée entre les 3ème et 2ème av. J.C.

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1 On entend par « canon » des Écritures, la liste officielle des livres qu’une institution religieuse (juive ou chrétienne) reconnaît comme divinement inspirée et utile pour sa foi.

2 La Septante est une traduction grecque du 3ème siècle av. J.C., destinée, au départ, aux Juifs de la diaspora qui, immergés dans la culture grecque de l’époque, devaient être plus familiers avec le grec qu’avec l’hébreu.

3 Ces sept livres sont : Judith, Tobie, 1er et 2ème livre des Maccabées, Sagesse, Siracide ou Ecclésiastique, Baruch, plus des passages en grec des livres d’Esther et de Daniel.

4 « Deutéro » signifiant deuxième; les livres « deutérocanoniques » sont devenus « canoniques » en un second temps, ont été acceptés plus tardivement.

5 Du grec : « apokruphos » = tenu secret. Ce terme en est venu à désigner les livres qui, se présentant comme inspirés par Dieu, n’ont cependant pas été retenus pour faire partie du canon juif ou chrétien.

6 Manuscrit du 4ème siècle qui contient l’Ancien Testament de la Septante. On devine que la version latine de la Vetus Latina suit ce texte long, de même que les quatre fragments du livre de Tobie trouvé à Qumran.

7 Notamment deux lacunes importantes du texte long sont comblées à l’aide du texte court : soit en Tb 4,7-19 et Tb 13,8-11.

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2231. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre de Tobie - Présentation du livre

 

 

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