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Les livres d'Esdras et de Néhémie (4/6)
 

La restauration de la ville. L'oeuvre de Néhémie.

Pour suivre l’ordre chronologique des événements il faut maintenant quitter le livre d’Esdras pour passer à celui de Néhémie. Les historiens fixent généralement la première mission de Néhémie à Jérusalem entre 445 et 433 AC, sous le règne de Artaxerxès I. Il y a donc un siècle que Cyrus a autorisé le retour des premiers exilés et la reconstruction du temple. Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans les années qui ont suivi l’achèvement du nouveau temple. Vers 480 une tentative de reconstruction de la ville échoua à cause de l’opposition des Samaritains; la même chose se reproduisit vers 465 (cf. Esd 4, 6-23). Finalement Néhémie, fonctionnaire à la cour de Perse, obtint du roi l’autorisation nécessaire pour entreprendre les travaux (Ne 2, 1-9). Une partie importante du livre qui porte son nom est consacré aux péripéties de cette reconstruction.

     Le livre commence un peu comme ceux des prophètes : Paroles de Néhémie, fils de Hakalya (Ne 1,1; cf. Jr 1,1; Am 1,1). Le nom de Néhémie est yahviste(Yahvé console) de même que celui de son père. Cependant il n’est rattaché à aucune tribu et il ne figure dans aucune généalogie si bien qu’on peut se demander s’il est vraiment juif d’origine.

     Après ce titre le texte se poursuit à la 1ère personne du singulier. C’est Néhémie qui raconte lui-même sa mission. Il ne s’agit pas d’un compte-rendu officiel destiné à l’administration mais plutôt d’un mémoire adressé d’abord à Dieu : Souviens-toi, mon Dieu, en ma faveur, de tout ce que j’ai fait pour ce peuple ( 5, 19; 13, 31).

Indirectement, il s’adresse aussi à ses concitoyens pour justifier son administration (cf. 5, 14-18). Ce mémoire occupe à peu près la moitié du livre actuel. Néhémie lui-même, ou un rédacteur postérieur, y a ajouté des listes diverses ( 7, 6-72a; 10, 2-28; 11, 4-19, etc.). Les chapitres 8, 9 et probablement 10 appartiennent au cycle d’Esdras; ils ont été insérés à cet endroit pour créer l’impression que les deux personnages étaient contemporains et travaillaient ensemble. Quelques versets en « je » ont pu être ajoutés par un rédacteur pour les harmoniser au style de Néhémie.

Néhémie constructeur

     Pour suivre le déroulement de l’opération il faut lire à la suite 2, 1 à 4, 17; 6,1 à 7,3 et 12, 27-43. On constate que ce projet de reconstruction, ou plutôt de réparation, suscita beaucoup d’inquiétude dans la population locale et chez les dirigeants de la province de Samarie, dont dépendait Jérusalem (cf. 2, 10. 19-20; 3, 33 – 4,17; 6,1-14.17-19). Cependant, le tout fut complété en 52 jours ( 6, 15). On peut se demander pourquoi Néhémie attachait tant d’importance à ces réparations puisque la ville était restée ouverte depuis plus d’un siècle.

     Il y avait sans doute un aspect pratique, la protection de la population contre les raids des pillards. Il y avait aussi une dimension liée à la fierté nationale. Même si Néhémie n’avait pas les ambitions politiques que lui prêtent ses adversaires (cf. 6, 4-7) la reconstruction était de nature à susciter un regain de ferveur nationaliste (cf. 12, 27.43). Enfin ces travaux avaient une importance religieuse. En permettant d’isoler la ville ils rendaient plus facile l’application de la loi du sabbat (cf. 13, 19-22).

Néhémie réformateur social

     La Judée n’a jamais été une région riche. Les habitants revenus d’exil, même s’ils avaient bénéficié au début de la générosité de leurs compatriotes restés à Babylone (cf. Esd 1,6), durent faire face à une réalité beaucoup moins idyllique que celle entrevue par le Deutéro-Isaïe. Les taxes étaient lourdes comme les frais de reconstruction. Il suffisait d’une année de mauvaise récolte pour que la famine menace (cf. Ag 1, 5-11; 2, 15-17). Plusieurs familles se trouvaient au bord de la ruine (cf. 5, 1-5). Néhémie prend alors une mesure audacieuse. Il réunit tous les Juifs fortunés qui avaient prêté de l’argent à leurs frères et les persuade d’effacer ces dettes (cf. 5, 6-13) au nom de la solidarité nationale et de la crainte de Yahvé ( 5, 9).

     Après les travaux de reconstruction on s’avisa du fait que la ville n’était pas suffisamment peuplée ( 7, 4-5). Néhémie proposa une mesure pour pallier à ce problème : tous les chefs du peuple vinrent résider à Jérusalem; on tira au sort un homme sur dix parmi les résidants des villages des environs pour venir s’établir dans la ville. Ce regroupement de population se fit, semble-t-il, sur une base volontaire (cf. 11, 1-3).

Néhémie réformateur religieux

     Il est difficile de savoir dans quelle mesure Néhémie fut un innovateur dans le domaine religieux. Concernant le temple, son action consiste principalement à assurer le service régulier et les approvisionnements nécessaires au culte et à l’entretien du personnel (cf. 13, 10-14. 30-31). Son rôle semble avoir été plus important en ce qui concerne le sabbat. Il impose des mesures strictes aux Juifs et exclut les étrangers qui viennent faire des affaires à Jérusalem ce jour-là ( 13, 15-22). Enfin il procède à une sorte de purification ethnique en obligeant le renvoi des femmes étrangères épousées par des Juifs (cf. 3, 23-29). En ce domaine, ses motifs paraissent autant d’ordre culturel que religieux.

     Son rôle a pu paraître ambigu en certaines occasions mais il est certainement un des initiateurs du judaïsme tel qu’il s’est vécu au temps de Jésus et jusqu’à la chute de Jérusalem en 70 PC.


Jérôme Longtin, prêtre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2264. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Les livres d'Esdras et de Néhémie : La premiète étape, la restauration du culte (3/6)

 

 

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