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Les mots pour le dire
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chronique du 1er juin 2001
 

Mystère

Hébreu : sôd
Grec : mystèrion

Le mot grec mysterion provient probablement du verbe muein qui signifie « fermer la bouche », comme l'indiquent les mots français « mutisme » et « muet ». Dans le Nouveau Testament, « mystère » est un terme technique de théologie. Dans l'Ancien Testament, le mot n'apparaît que dans les livres tardifs comme Sagesse, Sirac, Tobie et Daniel.

     Avant que les livres de sagesse ne développent la notion de mystère, on était familier avec l'idée que Dieu avait des secrets. Ces secrets concernaient en particulier le plan de salut que Dieu réalise dans l'histoire et qu'il révèle notamment aux prophètes: « Dieu fait-il quoi que ce soit sans révéler son secret (sôd) à ses serviteurs les prophètes? » (Am 3,7).

     Dans les livres de Daniel et de la Sagesse, la notion de mystère est étroitement liée à celle de la révélation du dessein de salut que Dieu entend réaliser au sein de l'humanité. Pour eux, l'histoire n'est pas le fruit du hasard, mais elle est soutenue et orientée par Dieu vers une fin. L'être humain ne peut, par les seules forces de son intelligence, saisir le développement de ce plan de salut. Seul Dieu peut lui en révéler le sens à travers des songes et des visions: tel est l'objet du livre de Daniel. La connaissance de ces mystères de salut est accordée à quelques individus à qui Dieu donne un esprit de sagesse. Dans le livre de la Sagesse, le mystère concerne également l'histoire du salut. Mais le destin du juste fait aussi partie des mystères de Dieu qui seront révélés à la fin des temps.

     C'est dans le Nouveau Testament que la notion de mystère connaît un développement particulier, en continuité avec la tradition de l'Ancien Testament. De façon générale, le mystère se définit comme le projet de Dieu pour le salut du monde. Ce salut est révélé par le Christ Jésus en dehors de qui le plan de Dieu n'aurait aucun sens. Le mot n'apparaît qu'une seule fois dans les Évangiles, et c'est à propos de la révélation du Royaume de Dieu aux disciples: « À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais pour ceux du dehors, tout advient en paraboles. » (Mc 4,11) Jésus laisse entendre que l'accueil du mystère du Royaume de Dieu n'est accessible que par l'écoute et le discernement de sa parole, par la foi en lui. Ceux du dehors, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas la foi, ne verront que des énigmes dans les paroles et les gestes de Jésus qui vient instaurer le règne du salut.

     Paul utilise le terme « mystère » à maintes reprises. Il prêche le mystère de l'Évangile, dans le sens que l'Évangile annonce le projet de salut qui était demeuré caché aux générations antérieures avant que le Christ Jésus paraisse et le réalise. Paul se considère au service de la révélation de ce mystère en l'annonçant aux nations païennes. Réalisé par la mort et la résurrection de Jésus le mystère du salut est implanté dans l'histoire par la proclamation de la Parole et se déploie de jour en jour jusqu'à son plein achèvement au jour ultime de l'histoire.

     Le mystère du salut, qui n'est autre que celui de l'amour de Dieu pour l'humanité et le partage de la vie divine, est incompréhensible à la sagesse et à l'intelligence humaine livrée à ses propres forces. Mais il peut être saisi et approfondi par les croyants dans la mesure de leur expérience de foi, grâce à l'Esprit qui les établit dans une communion de vie avec le Christ. On ne comprend le mystère du salut qu'en le vivant.

Yves Guillemette, ptre
 

Pour lire la Bible sur le mystère...

Le plan de Dieu révélé: Amos 3,7; Isaïe 41,21-28; les chapitres 2, 4, 5, 7, 8, 10, 11 et 12 du livre de Daniel;

Le destin des justes: Sagesse 2-5;

Jésus révèle le mystère de Dieu: Marc 4,11;

Paul et le mystère du salut: Éphésiens 1-3; Colossiens 2,1-5.