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Les mots pour le dire
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chronique du 17 décembre 2010

 

Juif

Hébreu : yehudim (de Juda)
Grec : Ioudaios

Captifs juifs en exil vers Babylone

Captifs juifs en exil vers Babylone
Bas-relief assyrien

Les Juifs forment un groupe dont la définition recoupe partiellement les catégories de communauté culturelle, ethnique, nationale et religieuse. Ce groupe se compose de descendants des anciens Israélites et de personnes converties au judaïsme au long des siècles.

     D’abord, il y a un sens généalogique au terme « Yehudim ». Il s’agit des fils d’un personnage décrit dans le livre de la genèse qui se nomme Juda. Il est un des fils de Jacob/Israël. Les descendants de Juda et ceux qui habitent sur son territoire sont appelés « Yehudim » rendu en français par « Judaïtes »

     Les textes bibliques qui racontent la période de la monarchie divisée vont employer « Yehudim » pour désigner les habitants du Royaume du sud appelé Juda (2 R 16,6), puis de la province perse de Judée (Ne 1,2). Cette expression en rendus en français par « Judéens ».

     Comme la région de Juda et de la Judée occupait une place de premier plan dans le peuple d’Israël, « Yehudim » devint un nom commun désignant un membre du peuple d’Israël, même s’il ne vivait pas nécessairement sur ce territoire. C’est à partir de ce moment qu’on commence à employer le mot « Juifs » pour traduire « Yehudim ».

     Les termes « Juifs » et « Israélites » désignaient les mêmes personnes, mais ne sont pas employés l’un pour l’autre. D’une manière générale, « Israélite » semble être employé par les personnes faisant partie de ce groupe alors que « Juif » est le mot placé dans la bouche des non-Juifs parfois avec une connotation négative (1 M). Les Juifs vivant dans d’autres pays (la diaspora) finir par adopté l’usage des non-Juifs et s’appellent eux-mêmes « Juifs » (2 M).

     Une autre évolution sémantique donne au mot « Yehoudim » un sens religieux que le français rend par le mot « juifs » (adeptes du judaïsme). Ce sens est ignoré par le récit biblique pour les époques antérieures à l’Exil à Babylone.

     C’est à partir de l’Exil que le mot « juif » porte une connotation nationale et religieuse en même temps. Le judaïsme est la croyance monothéiste des Juifs. Ce sens religieux du mot apparait pour la première fois dans le Deuxième livre des Maccabées et dans celui d’Esther (3,4). Il a été créé par les Juifs hellénistiques quelques centaines d’années avant Jésus.   

     Dans le Nouveau Testament, « Juif » est employé pour parler des membres du peuple d’Israël avec une connotation raciale. Ainsi, les Samaritains sont exclus de cette appellation malgré leur foi commune en Yahvé. Les évangiles emploient souvent l’expression « roi de Juifs » dans la bouche de non-Juifs alors que les personnages juifs vont dire « roi d’Israël ».

     L’évangile de Jean a été écrit dans un contexte de fossé qui se creuse entre le christianisme naissant et le judaïsme. À cette époque, les chrétiens sont expulsés des synagogues et cette tension explique l’usage péjoratif de l’évangile de Jean du mot « Juif ». Qui sous sa plume deviennent les adversaires de Jésus (Jn 2,18-20) et un exemple de non-croyance. Mal interprétés, ces textes de Jean ont été utilisés pour justifier de l’antisémitisme. 

     Aujourd’hui, lorsqu’écrit avec une minuscule, le mot « juifs » désigne les adhérents au judaïsme. Orthographié avec une majuscule, le mot « Juifs » nomme les membres du peuple d'Israël. Une distinction existe en effet entre ces deux termes, puisqu'on retrouve des Juifs qui ont cessé de pratiquer le judaïsme. Même, s’ils cessent d’être juifs, ils restent Juifs.

Sébastien Doane

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