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Les mots pour le dire
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chronique du 9 décembre 2016

 

Se prosterner

Adoration des mages

Enluminure de l’Évangéliaire d’Egbert, archevêque de Trèves de 977 à 993
Stadtbibliothek (Trèves, Allemagne). Manuscrit. Ms. 24


Grec : proskynéō

« Où est le roi des Judéens/Juifs qui vient de naître? Car nous vu son astre au levant et nous sommes venus pour nous prosterner devant lui. » (Mt 2,2)

La visite des mages a souvent été interprétée d’un point de vue religieux, alors que le récit et les mots qui le composent sont aussi d’ordre politique. En effet, l’acte de se prosterner n’est pas qu’une adoration religieuse. Dans l’Antiquité, ce geste consistait à se mettre à genou puis de se coucher pour embrasser le sol ou les pieds d’une personne de rang supérieur en signe de soumission. Le mot grec est d’ailleurs formé de pros (devant) et kuneó (embrasser). Il s’agit d’une marque importante de révérence.

En Mt 2, ce geste a une portée subversive. Les mages ne font pas ce geste de prosternation devant Hérode malgré qu’il soit le roi de la Judée. Pourtant, ils se prosternent et offrent des cadeaux à l’enfant Jésus présentés comme le nouveau roi en opposition avec Hérode. Dans ce récit, la prosternation a sans doute une portée politique. La plupart des usages de ce verbe dans le Nouveau Testament se rapportent à Jésus ou à Dieu.

La fin de l’Évangile selon Matthieu utilise aussi la même image de prosternation devant Jésus. Lors de l’unique apparition du ressuscité, les disciples se prosternent (Mt 20,17). Ici, le contexte est plus religieux que politique. Notons que ce verset juxtapose deux attitudes opposées. Devant le Christ ressuscité, les disciples se prosternent et « eurent des doutes ». Comment comprendre ce paradoxe? Pour moi, les deux attitudes font partie de la réponse normale des chrétiens. Le doute fait partie de la foi. Malgré nos incertitudes, les mages et les disciples montrent un geste à imiter : s’incliner devant Jésus, le Christ.

Sébastien Doane

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