La prédication de Jean le Baptiste. Giovanni Battista Gaulli dit Baciccio, circa 1695. Huile sur toile, 181,5 x 172 cm. Musée du Louvre (Wikipedia).
Prêcher (prédication)
Sylvain Campeau | 18 mars 2019
Grec : kèrussô ; euaggelizomai ; aggellô
Le sens biblique de la prédication est la transmission d’un message étroitement liée à une mission d’origine divine. Dans l’Ancien Testament, la prédication est l’activité principale des prophètes dont nous ne parlerons pas ici.
Le Nouveau Testament utilise plusieurs verbes et un substantif pour exprimer cette réalité. Le premier verbe est kèrussô (crier ou proclamer) et le substantif kerygma (kérygme ou proclamation). Les évangiles synoptiques [1] lui préfèrent parfois le verbe euaggelizomai (évangéliser ou annoncer la bonne nouvelle). Finalement, on retrouve plusieurs verbes composés avec aggellô (annoncer, proclamer) pour exprimer les activités liées à la proclamation de l’Évangile. Cette richesse du vocabulaire démontre qu’on touche ici à une réalité très importante pour le christianisme primitif.
Les premiers prédicateurs
Le premier prédicateur que nous présentent les évangiles est Jean le Baptiste. Il prêche la venue imminente du Règne de Dieu et du Messie (Mc 1,4.7 ; Mt 3,1 ; Lc 3,18 ; Ac 10,37 ; 13,24). Il presse également ses contemporains à se convertir et leur propose un geste de pénitence « pour la rémission des péchés » : le baptême dans le Jourdain.
Jésus est aussi envoyé pour « prêcher » (Mc 1,38 et Mt 12,18). Comme le Baptiste, il proclame la venue du Règne de Dieu et invite rapidement ses disciples à l’accompagner dans cette mission (Mc 3,14 ; 6,12 ; Mt 10,7 ; Lc 9,2.6 ; 10,1) qui vise essentiellement le peuple d’Israël (Mt 10,5-6 ; 15,24). Après l’événement de la mort-résurrection, d’autres missionnaires de l’Évangile se joindront aux premiers témoins, dont Paul de Tarse. Un bon exemple qui résume le cœur de sa prédication se trouve en 1 Corinthiens 15,3-5. La prédication aura alors une portée universelle et s’adressera à toutes les nations.
Le salut de Dieu
Le thème de la prédication chrétienne est la Bonne Nouvelle de Jésus Seigneur et Sauveur. La théologie parle ici du salut que Dieu opère en Jésus Christ. Ce salut est d’abord présenté comme l’établissement d’un règne qui était « proche » au moment du ministère de Jean le Baptiste et de Jésus mais qui est devenu une réalité depuis l’événement pascal. Mais cette réalité atteindra son plein accomplissement au moment du retour du Christ.
Le salut accompli dans la personne de Jésus est offert à toute personne et vise à transformer sa vie. C’est pour cette raison qu’on parle de conversion et de pénitence. Suivre le Christ et vivre comme son disciple nécessite un retournement, c’est le sens de la conversion, et s’accompagne d’un désir sincère de vivre en conformité avec l’Évangile.
La prédication apostolique
« C’est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. » (1 Corinthiens 1,21b)
La prédication apostolique est la proclamation publique du christianisme au monde non chrétien. Son objectif est de proposer le salut offert en Jésus Christ et de susciter de nouveaux disciples. Cette activité missionnaire correspond donc à ce que nous appelons aujourd’hui la « première annonce » qui se distingue de l’enseignement ou la catéchèse qui vient dans un deuxième temps.
Une présentation synthétique de la prédication apostolique est donnée dans les discours des Actes (2,14-39 ; 3,12-16 ; 4,8-12 ; 5,29-32 ; 10,34-43 ; 13,16-41). L’élément essentiel de cette prédication ou du kérygme est l’événement de la mort-résurrection de Jésus et sa glorification, c’est-à-dire l’intervention de Dieu qui l’a relevé d’entre les morts en lui donnant le pouvoir d’intervenir auprès des siens pour établir son Règne.
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] Dans l’évangile selon Jean, le vocabulaire de la proclamation est remplacé par celui du « témoignage ».