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Boire à la source vive
La vie ici-bas nous apporte, sans qu'on le veuille, la dure réalité de la souffrance et de la misère humaines. Au creux d'une situation insupportable qui ne semble avoir aucune issue, le murmure au sujet d'un certain Dieu commence. Qui est-il celui en qui tout est supposément Grâce et Bonté? Qui est-il celui qui laisse dominer la mort? Serait-il l'auteur d'un paradis rempli d'illusions? Israël a concrètement posé ces questions au cours de son histoire. Libéré de l'esclavage par la puissance de Yahvé oui a ouvert la mer des Joncs, le peuple élu a connu la souffrance de la soif au désert. Des lors, l'esclavage est devenu une meilleure solution que celle de la liberté. N'est-il pas préférable, dans ces conditions, de retourner en Égypte et de se résigner à une situation moins pire, quoiqu'injuste? Ne faut-il pas accepter le fait que l'état de la souffrance est un ordre voulu et entretenu par Dieu? Dire « oui » ces dernières questions, c'est admettre que l'histoire humaine, collective et personnelle, n'a aucun but, aucun projet.
Mais le Dieu de la Bible dévoile autrement le mystère de la vie. Là dans l'épreuve du désert, il appelle son peuple à boire une eau vive qui jaillit d'un rocher. Une eau qui, en dépit de la force de la mort, devient un appel à traverser le désert jusqu'au pays ou sera construit le Temple de Dieu et où coulera l'eau en abondance. C'est donc dire que même au creux d'une situation affligeante, nous pouvons faire confiance en une transformation réelle de la vie inscrite dans le plan du salut. Dieu n'est pas celui qui vient régler les problèmes de l'existence comme par magie, mais il est celui qui nous accompagne et nous soutient dans la traversée de nos déserts. Boire à sa source, c'est faire face à la vie telle qu'elle se présente, avec ses hauts et ses bas. C'est essentiellement croire que des causes destructrices comme l'échec, la maladie et la mort n'empêchent pas d'entrer dans la joie du Royaume de Dieu.
Là-bas (à Réfidîm pendant la traversée du désert), le peuple eut soif le peuple murmura contre Moise : « Pourquoi donc, dit-il, nous as-tu fait monter d'Égypte? Pour me laisser mourir de soif, mes fils et mes troupeaux? » Moise cria au Seigneur : « Que dois-je faire pour ce peuple? Encore un peu, ils vont me lapider ». Le Seigneur dit à Moise : « Passe devant le peuple, prends avec toi quelques anciens d'lsraël: le bâton dont tu as frappé le Fleuve, prends-le en main et va. Je vais me tenir devant toi, là sur le rocher - en Horeb -. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau et le peuple boira ». Moise fit ainsi, aux yeux des anciens d'Israël (Exode 17, 3-6).
Benoît Miller
Bibliste, Beauport
Pour lire la Bible sur l'eau...
• L'eau amère de Mara : Exode 15, 22-27;
• Les eaux de Mériba : Nombres 20, 1-13;
• La terre promise : Deutéronome 8, 6-20;
• La route du Seigneur au désert : Isaïe 35, 1-10;
• La source du Temple : Ezéchiel Ézéchiel 47, 1-12;
• La restauration d'Israël : Joël 4, 18-21;
• « J'ai soif de Dieu » : Psaume 42 (41).
Suite de la série :
« La source jaillissant en vie éternelle ».Article précédent :
Les réservoirs d'Israël