LE FEU (6/6) | |||||
Un appel à la non-violence
Pour les chrétiens et les chrétiennes, qui est le Ressuscité si ce n'est celui qui a été crucifié? La gloire du Christ ressuscité ne justifie pas une invention de l'esprit humain pour fuir la mort, mais elle confirme la réalité historique de la Passion de Jésus de Nazareth. En d'autres termes, le Ressuscité nous invite à écouter et vivre le message du Crucifié qui en est un d'espérance, de miséricorde, de paix et d'amour. C'est par l'Esprit du Crucifié-Ressuscité que les missionnaires doivent annoncer la visite du Messie. Ils ne doivent pas appeler la puissance du prophète Élie qui a fait descendre le feu du ciel pour détruire les ennemis (2 Rois 1, 10), mais entrer dans le courage de celui qui ose monter à Jérusalem. Annoncer la puissance de Dieu, ce n'est pas appeler la violence, mais vivre du feu de l'Esprit Saint qui est puissance d'amour en dépit de la haine, de l'indifférence et de l'intolérance. Témoigner de l'Évangile du salut, c'est construire plutôt que détruire, pardonner plutôt que punir. Même au-delà de la Loi de Moïse, c'est aimer ses propres ennemis pour que s'arrête, comme sur la Croix, le cycle infernal de la violence : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font (Luc 23, 34). Commander le feu du ciel pour qu'il tombe sur les ennemis et les consume, c'est s'approprier la colère de Dieu selon son propre jugement. C'est même décider que Dieu obéit a notre désespoir dont l'expression ultime est celle de la violence. C'est tout simplement prendre la place de Dieu pour arriver à nos fins. La guerre, le viol, l'exploitation des pauvres, le racisme et toutes les formes de violence qui anéantissent la dignité humaine sont le choix de la perdition. Répondre à l'épée par l'épée, c'est confirmer le parti pris de la paix par la violence. Mais est-ce bien la voie que Jésus de Nazareth nous a montrée? À Jérusalem, il est entré non pas sur le cheval de l'empereur, mais sur l'âne du pauvre. Seulement cette symbolique est un appel à la transformation des curs par le feu de l'Esprit Saint. Or, comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus prit résolument la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui. Ceux-ci s'étant mis en route entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on ne l'accueillit pas, parce qu'il faisait route vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu tombe du ciel et les consume? » Mais lui, se tournant, les réprimanda. Et ils firent route vers un autre village (Luc 9, 51-55). Benoît Miller Chronique
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