LE FEU (5/6) | |||||
Au coeur des pèlerins, le feu du Ressuscité
Le jour de la résurrection de Jésus en est un de dispersion chez les disciples. De Jérusalem, où l'espérance messianique nourrissait la libération d'lsraël du joug romain, deux disciples s'éloignaient vers Emmaüs. Ils étaient déçus de l'échec de Jésus de Nazareth, lui en qui tous les espoirs étaient comptés. Pour eux, « l'affaire Jésus » n'était plus qu'une question du passé qui n'avait d'avenir que dans l'oubli le plus total. Mais en route, quelqu'un les rencontre; par sa parole, il sèmera un feu dans leur cur. S'enquérant de ce qui s'est passé à Jérusalem et voyant leur ignorance au sujet du Messie attendu, il proclama toutes les Écritures pour leur dévoiler le vrai Messie. Il n'est pas, le Messie, celui qui triomphe politiquement, tout en étant dispensé de la mort, comme on le croyait à l'époque. Au contraire, il est celui qui passe par la mort pour triompher d'elle : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire? (Luc 24, 26) Le feu du Ressuscité entre, dès lors, dans la foi vacillante des disciples, mais il faut encore plus pour que la rencontre devienne reconnaissance du Ressuscité. C'est à la fraction du pain que tout s'éclaire. Celui qui est présent est le Crucifié, maintenant ressuscité. Et sa présence est d'autant plus manifeste que Jésus est absent dès que s'ouvrent leurs yeux. C'est une manière d'exprimer que Jésus est présent d'une autre manière que celle qui précède Pâques. Jésus est vivant et visite les curs par le feu de l'Esprit Saint. Le Christ proclame la Parole de Dieu; le Christ préside la fraction du pain. Ce sont là les deux grands moments du rassemblement de l'Église : liturgie de la Parole et liturgie eucharistique. Voilà le lieu de la présence vivante de celui qui transforme entièrement la personne humaine. L'Église se rassemble non pas pour appeler Jésus a elle, mais parce que Jésus est comme un feu autour duquel elle est appelée. lls (les disciples d'Emmaüs) approchèrent du village où ils se rendaient, et lui (Jésus ressuscité) fit mine d'aller plus loin. Ils le pressèrent en disant : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. Et il entra pour rester avec eux. Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, et rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. Et ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures? » (Luc 24, 28-32). Benoît Miller Un appel à la non-violence Chronique
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