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chronique du 13 octobre 2006
 

Le trône de gloire

En 1950 une grotte ancienne fut découverte à Béthanie dans la propriété des Soeurs de la Charité. Les études du P. Benoît et du P. Bagatti firent connaître aux experts de la Terre Sainte l’importance de la découverte. Très vite les archéologues constatèrent que les parois de la grotte étaient décorées de peintures et remplies de graffiti. Le fond de la paroi était orné d’un trône vide sur lequel reposait un coussin.

Le trône vide

   Il s’agit bien d’une représentation du trône vide du Christ qui est présent au milieu des croyants de façon invisible. Le même motif apparaît encore dans deux autres églises de Terre Sainte : dans l’oratoire de Sainte-Hélène à Bethléem et dans une des coupoles modernes de l’Église des Nations à Gethsémani. Il est probable que le motif du trône divin décorait de nombreuses églises byzantines de la Palestine dont il ne reste que les pavements. Que signifie le symbole du trône vide? C’est dans l’Écriture qu’il faut chercher sa signification.

Le trône occupé

Christ en majesté

Christ en majesté siégeant sur un trône et
entouré par des séraphins et les symboles qui représentent les quatre évangélistes.
Fresque de l’église San Clemente, Lérida (Espagne)
Circa 1123

     L’Apocalypse de Jean fait appel plusieurs fois à une liturgie céleste du trône : « Un trône fut dressé dans le ciel et siégeant sur le trône il y a quelqu’un qui régente la création et qui lui donne par sa seule présence la forme d’un univers vivant créé à partir du non-être » (Ap 4,9-11). Une radiation d’émeraude se dégage du trône. Les vingt quatre vieillards déposent leur couronne et s’inclinent devant Celui qui siège sur le trône. Ils rendent gloire à celui qu’ils invoquent comme le Dieu trois fois saint. Puis un agneau qui avait la forme sacerdotale fut accrédité pour siéger près de lui sur le trône. Cet agneau était détenteur de la puissance des sept esprits de Dieu en mission sur la terre.

Le rouleau

   Il avait reçu le pouvoir d’enlever les sceaux du rouleau que lui remit Celui qui siégeait sur le trône. Ce rouleau avait valeur testamentaire (Ap 5,1-5). Il offrit la participation à son sacerdoce et l’accès au trône divin à ceux qui suivraient l’agneau et qui portaient son signe. Ceux qui ont traversé la grande épreuve voient leurs habits blanchis dans le sang de l’agneau. L’habit blanc symbolise la création renouvelée et les noces du royaume. Jérusalem nouvelle est la fiancée parée pour son époux qui descend du ciel d’auprès du trône de Dieu (Ap 21,1-5). Les artistes chrétiens ont représenté le trône divin vide depuis les premiers siècles.

L’origine du trône vide

monnaie grecque

Pièce de monnaie grecque présentant un trône vide
Bronze, autour du Ier siècle.

     De nombreuses études ont montré que la source de leur inspiration se trouve dans l’usage du monde gréco-romain remontant à Alexandre le Grand de vénérer les empereurs et leurs trônes vides. Sur le trône vide les insignes du règne étaient disposés sur un coussin. Au temps d’Auguste à Rome le trône vide de César fut porté aux jeux, tandis que le trône vide de Caligula avait sa place au Capitole. Les sénateurs venaient y faire la génuflexion.

Emprunt que l’Église sublime

     L’Église utilisera ce symbole pour évoquer la présence invisible de Dieu et aussi pour commémorer les martyrs. Leur trône vide placé derrière l’autel signifie qu’ils président l’eucharistie célébrée au nom du Christ. Pour saint Augustin, les martyrs gouvernent ainsi l’Église. Dans son ouvrage intitulé la Cité de Dieu 20,9 il affirme : « J’ai vu des trônes et j’en ai vu plusieurs s’asseoir sur ces trônes et la puissance de juger leur fut donnée ». Ces paroles ne regardent pas le jugement dernier. Il s’agit du trône de ces juges et de ces juges eux-mêmes qui gouvernent l’Église. Cette puissance de juger s’entend de cette promesse : « Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ». Et les âmes de ceux qui ont versé leur sang pour rendre témoignage à Jésus et à la Parole de Dieu, ce sont les âmes des martyrs à qui leurs corps ne sont pas encore rendus , car les âmes des justes, après leur mort, ne sont pas séparées de l’Église. Le martyr par excellence est le Christ. Il était normal que son trône vide figure dans les basiliques avec les emblèmes de sa puissance.

Le catéchumène et le Basileus

     Dans d’autres églises le trône illustre le sacrement du baptême et rappelle au catéchumène sa vocation royale, sacerdotale et prophétique. Il l’invite à devenir ce qu’il est déjà en germe, à régner puisque sa divinisation est en cours. Le Christ est adoré comme Basileus par la communauté qui attend rassemblée en prière son retour dans la gloire. Aux insignes du Roi, en particulier du coussin couleur pourpre, l’iconographie chrétienne ajoute les insignes du Christ : sa croix glorieuse et le livre des Évangiles. À côté du trône apparaissent parfois les quatre animaux de l’Apocalypse ou les sept candélabres. Les exemples de Sainte Marie-Majeure et de la porte de bronze de Sainte Sophie de Constantinople sont bien connus. Le baptistère des orthodoxes de Ravenne met le trône en lien avec le livre des Évangiles. Dans l’abside de l’église des Saints Côme et Damien de Rome l’agneau se dresse sur le trône. Le motif du trône vide évoque ainsi la théologie de la présence mystérieuse de Dieu et des saints dans l’Église. C’est la liturgie d’Ap 5,6 qui est illustrée ainsi.

     Il est possible que l’usage de conserver avec respect le trône de Jacques, le frère du Seigneur, au mont Sion relève de la même symbolique. Le pouvoir de l’évêque n’est-il pas participation au pouvoir du Christ?

Frédéric Manns, OFM

Source : La Terre Sainte, mai-juin 2002, p. 142s.

Lire aussi :
« Il siégera sur son trône de gloire. »
L’arche d’alliance

Chronique précédente :
La tour