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Coups de coeurs
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chronique du 1er mars 2002
 

Vous êtes la lumière du monde

 

Jésus ne manque pas d'ambition quand il désigne ses disciples comme la lumière du monde ou la lampe que l'on place sur le lampadaire pour éclairer les gens de la maison. On retrouve la même parabole de la lampe chez Marc (4,21) et Luc (8,16; 11,33). Dans ces deux cas, la lumière de la lampe désigne l'Évangile, demeuré caché pour un temps mais rayonnant désormais sur l'ensemble de l'humanité depuis la résurrection de Jésus. Par contre, dans l'évangile selon saint Matthieu (5,14-16), ce sont les disciples qui deviennent la lampe qui brille dans la maison commune de l'humanité, ajoutant même qu'ils sont la lumière du monde.

     Jésus fait un honneur considérable à ses disciples en affirmant qu'ils sont la lumière du monde. Telle était en effet la définition que l'on donnait à la Loi de Moïse: « Car le précepte est une lampe et l'enseignement une lumière. » (Proverbes 6, 23); ou à la Parole de Dieu: « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière pour mon sentier. » (Psaume 119, 105) Même Israël, au retour de l'exil, purifié dans sa foi, se considérait comme la lumière des nations parce qu'il possédait la Loi et qu'il resplendissait ainsi de la gloire et de la lumière de Dieu: « Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever. » (Isaïe 60, 3) Dans un commentaire juif (le Midrash Gen.rabba 59), Jérusalem est elle aussi considérée comme la lumière du monde. Peut-être Jésus songe-t-il à elle lorsqu'il évoque la ville située sur une haute montagne?

     Mais voici que Jésus retire ce rôle attribué à la Loi, à la nation et à la ville sainte pour l'attribuer à ses disciples. Toutefois les disciples ne doivent pas en tirer orgueil, puisque la lumière dont ils doivent illuminer le monde a sa source en Jésus. Lui seul éclaire le monde en révélant le salut que Dieu veut réaliser par lui: rassembler les membres de l'humanité en un seul peuple de Dieu. De même qu'on ne place pas une lampe dans un réduit ou qu'une ville située sur une montagne ne peut se soustraire à la vue des gens, les disciples n'ont pas le droit d'empêcher la lumière de l'Évangile d'atteindre les hommes. À la toute fin de l'évangile de Matthieu, Jésus ne les envoie-t-il pas annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations pour y faire des disciples (Mt 28,19)?

     Les disciples sont donc choisis pour annoncer le salut que Dieu offre aux êtres humains et qu'il continue de réaliser lorsque ceux-ci accueillent la personne de Jésus ressuscité et qu'ils vivent selon l'Évangile. Sans négliger l'annonce verbale, l'Évangile est aussi proclamé par les actes. C'est ainsi que les disciples brillent aux yeux de tous par l'accomplissement de bonnes oeuvres. De cette manière, ils rendront gloire à Dieu. Quelles sont ces bonnes oeuvres? Dans le judaïsme du temps de Jésus, ces bonnes oeuvres sont l'aumône, et les actions charitables comme l'aide aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, la visite des malades, le rachat des prisonniers, l'ensevelissement des morts. Ce sont là des gestes de miséricorde permettant aux croyants d'imiter Dieu et d'être comblés de ses bénédictions. Si l'on se réfère à la scène du jugement universel (Mt 25,31-46), Jésus élargit cette notion des bonnes oeuvres en affirmant qu'ils conduisent à la rencontre du Christ, le frère de tous les malheureux de la vie.

     L'accomplissement des bonnes oeuvres n'est pas une manière de mériter ou de gagner son salut, mais le reflet de la plus haute générosité. Jésus ne promet pas de récompense au disciple qui agit de la sorte; il interdit même toute volonté de se faire remarquer aux yeux des hommes. Les gestes posés avec humilité auront l'éclat de la lumière la plus brillante, de sorte que les hommes y reconnaîtront la gloire de Dieu. Les gestes de miséricorde posés par les disciples ont un poids inouï, car ils révèlent l'amour même de Dieu.

     Nous sommes ainsi dans le droit-fil de la parole du prophète Isaïe: « Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera (...). Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi. » (Isaïe 58, 7-8.10)

Yves Guillemette, ptre

 

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