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Coups de coeurs
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chronique du 18 mars 2008
 

Les mots pour dire la résurrection


La résurrection de Jésus est un événement si inouï que les premiers témoins se sont trouvés bouche bée devant le tombeau vide. Ils ne trouvaient pas les mots pour dire l’indicible. Mais il fallait bien les chercher ces mots, qui finiraient par traduire la signification de l’événement. Un long travail de discernement s’est mis en branle, dont les premiers fruits apparaissent dans les récits de manifestation du Ressuscité et dans les premières formulations du kérygme, c’est-à-dire de la proclamation publique de l’Évangile. C’est ainsi que l’apôtre Pierre, lors de sa comparution devant le grand Conseil de Jérusalem qui l’enjoint d’expliquer la guérison d’un paralytique, proclame l’Évangile de la mort et de la résurrection de Jésus : Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu'il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le juste; vous avez réclamé la grâce d'un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l'a ressuscité des morts: nous en sommes témoins (Actes 3, 13-15).

Trois, c'est mieux

  On trouve dans cette proclamation une combinaison des trois types de langage auxquels on a eu recours pour parler de la résurrection : le langage de l’éveil, le langage de la glorification (ou exaltation), le langage de la vie. On a puisé dans le vocabulaire usuel les mots qui pouvaient le mieux exprimer la réalité nouvelle du Christ ressuscité, car l’hébreu et le grec ne possédaient pas de termes techniques spécifiques pour en parler. C’est par une combinaison de ces langages que l’on parvient à donner la parole au mystère pour qu’il puisse se dire et déployer son insondable richesse.

Dieur l'a ressuscité d'entre les morts

  Le langage de l’éveil appartient aux plus anciennes professions de foi en Jésus Christ mort et ressuscité. Il exprime bien l’expérience de la rencontre de Jésus vivant : celui que la mort avait couché est désormais debout; celui qui s’était endormi dans la mort est maintenant réveillé. Ce langage joue sur l’axe mort/vie. Il met l’accent sur la continuité entre le Ressuscité et Jésus qui a vécu avec ses apôtres et qui a été crucifié et mis au tombeau. Dieu est toujours présenté comme l’auteur de la résurrection. Le langage joue aussi sur l’axe de l’avant/après, et met ainsi l’accent sur la rupture. En relevant Jésus du séjour des morts, Dieu brise les liens qui enserraient Jésus dans la mort. Le langage de l’éveil présente le fait de la résurrection, mais n’explique pas la raison de l’agir de Dieu ni la signification de l’état nouveau de la vie du Ressuscité.

Le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus

  Le langage de la glorification ou de l’exaltation vient combler ce manque. Il naît de la conviction que Dieu ne peut pas abandonner le juste qui a été humilié par ses ennemis, persécuté ou mis à mort. Il en va de la vérité et de la justice de Dieu qui seul peut se prononcer sur la destinée de chaque être humain. Le personnage du Serviteur souffrant est l’exemple le plus éloquent du langage de l’exaltation, en particulier dans le 4e poème : Voici que mon serviteur réussira, il grandira, s’élèvera, sera placé très haut (Isaïe 52, 13). Les chrétiens reconnaîtront dans le Serviteur de Dieu la figure du Christ que Dieu exalte auprès de lui en le ressuscitant des morts. L’application au Christ du langage de l’exaltation trouve une de ses plus belles expressions dans l’hymne de la Lettre aux Philippiens 2, 6-11 : Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté… Le langage de l’exaltation dit autrement la prodigieuse surprise de Pâques. L’exaltation et la résurrection sont les deux faces d’une même réalité : l’affranchissement de Jésus des liens de la mort par la puissance vivifiante du Père. La résurrection de Jésus est le resplendissement de la gloire du Père (Jean 17, 4-5).

Le prince de la vie

  Enfin le langage de la vie est celui auquel nous sommes probablement le plus sensibles à cause de la conscience des limites de notre vie. Le langage de la vie a le mérite de nous dire l’état actuel de Jésus ressuscité et exalté dans la gloire du Père. Il nous permet aussi d’espérer que le baptême dans sa mort nous rende solidaires de sa résurrection afin de vivre par lui et avec lui, en actualisant dans notre vie sa victoire sur le mal et le péché (Romains 14, 7-8).

 

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