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Coups de coeurs
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chronique du 28 juin 2012
 

Dis-moi quel Dieu tu fréquentes...
et je te dirai qui tu es.

On aura reconnu ici une légère adaptation d’un dicton bien connu : « Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ». Au cours de l’été, nous aurons sans doute plus de temps pour nous fréquenter entre parents et amis et, pourquoi pas, pour fréquenter notre Dieu! Les lieux de rencontre varient de la lecture d’un passage des Écritures à la prière, de la célébration liturgique à la discussion entre amis. Dans tous les cas, il y a matière à réflexion.

     En ce début du 21e siècle, nous sommes les témoins d’une secousse sismique résultant de la rencontre des plaques tectoniques de la religion et de la sécularité. Il ne faut pas ignorer les divergences de conceptions et d’expériences de foi et de non foi qui peuvent engendrer des tensions entre les individus. On se divise au nom même de Dieu. C’est à se demander quel Dieu les croyants prétendent fréquenter. Notre premier devoir comme croyants est de purifier notre connaissance de Dieu. Cela fait partie de la formation continue de la foi. De même qu’un arbre se reconnaît à ses fruits, ainsi en est-il de notre fréquentation de Dieu qui a une incidence sur notre façon de nous poser comme chrétien, comme chrétienne.

     La finale de l’Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20 nous ouvre quelques pistes de réflexion. Comme je l’avais écrit dans une chronique précédente Propos intempestifs sur la mission, on trouve dans ce passage un cahier de charge pour la mission : faire des disciples, les baptiser et les enseigner pour qu’ils vivent de la Parole. Arrêtons-nous sur la formule du baptême : « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils et de l’Esprit saint ». Cette formule a traversé les siècles et est toujours en usage dans le rituel du baptême et pour certains elle est peut-être devenue usée. Et pourtant, cette formule nous révèle à la fois quel Dieu nous sommes appelés à fréquenter et, en conséquence, qui nous sommes.

     Traduite littéralement du grec, la formule se dit : Plongez-les dans le nom du Père et du Fils et de l’Esprit saint. Plonger, immerger, baptiser : tous ces synonymes se comprennent aisément. « Dans le nom… » a été traduit en français par « au nom ». Mais en anglais, on dira « in the name » et en italien « nel nome… », ce qui est proche du grec. Il est normal de plonger dans un liquide. Mais que signifie plonger dans le nom de Dieu? Dans la pensée biblique, le nom et la personne ne font qu’un, comme si le nom rejoignait l’être même de la personne, au point d’utiliser « le Nom » pour désigner Dieu.  Ainsi, baptiser quelqu’un dans le nom de Dieu, c’est le plonger dans l’être même de Dieu.

Baptisés au nom du Père, du Fils et de l’Esprit

     L’intimité de Dieu, c’est d’être Père, Fils et Esprit saint. Le baptême dans la mort et la résurrection du Christ nous a plongés dans le mystère de Dieu qui est Amour. Et l’amour, nous le savons fort bien, ne se vit pas seul. L’amour est communication, relation, dialogue, rencontre de l’autre, don de soi, partage. Quel bonheur de croire que Dieu est Amour!  Parce qu’il est Amour, il a tout à partager avec nous, il est toujours capable de nous surprendre, il est le Tout-Autre, il est au-delà de tout ce que l’on peut dire de Lui.  Quelle chance qu’aucun concept ne puisse épuiser Dieu, qu’il ne soit pas un solitaire perdu quelque part dans l’infini d’un univers surnaturel, ni le dieu abstrait des philosophes, ni le dieu païen tout-puissant, irascible, qu’il faut amadouer pour éviter ses foudres. Ces «conceptions» de Dieu ne nous interpellent pas vraiment, elles ne nous engagent pas. En revanche, si Dieu est Amour, alors là je suis concerné et atteint au plus profond de moi-même, car il y a l’offre d’une relation personnelle.

     Comme il n’y a pas de relation amoureuse entre deux personnes sans un échange réciproque de leur être, dans un esprit de communion,  ainsi en est-il de Dieu qui est Amour : il se révèle être en lui-même un don qui s’offre sans cesse (Père), qui se reçoit avec reconnaissance (Fils). Cette relation amoureuse du Père et du Fils est rendue interactive et dynamique grâce à l’Esprit de communion qui donne vie à l’amour.

Et je te dirai qui tu es

     Baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous sommes plongés dans le mystère de Dieu Amour. En vivant chacun et chacune de nous dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est donné pour moi, je me fais accueil reconnaissant du don de Dieu qui me fait vivre. Et cette vie divine qui s’unit à la mienne me rend capable d’aimer à mon tour et de me faire don pour les autres, car, comme le dit Jésus, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

     

Yves Guillemette, ptre

 

Chronique précédente :
Comme un grain de blé déposé en terre, l'amour est abandon de soi