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Bible et culture
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JÉSUS À L'ÉCRAN (3/6)
 

Jésus à l'écran : un défi pour les cinéastes

sources | contexte | figure | miraculeux | mort et résurrection | conclusion |

Deuxième partie : D'hier à aujourd'hui

PAR JEAN-FRANÇOIS PERREAULT

 

la passion

La passion dans
Jésus, la mini-série (1999)

La mort et la résurrection

     Au cinéma, les scènes entourant la mort de Jésus sont souvent empreintes d'une grande théâtralité versant dans un sensationnalisme un peu outrancier. Ce traitement édulcore beaucoup le caractère profondément tragique de la mort de Jésus. La crucifixion était un supplice particulièrement horrible et dégradant, réservé par les autorités romaines aux séditieux de la classe sociale la plus basse. L'exposition du supplicié sur une croix de fortune servait habituellement de mise en garde assez saisissante à l'égard de ceux ayant des velléités d'insurrection ou de subversion. La crucifixion de Jésus a donc sûrement constitué un événement traumatisant pour ses disciples. Tous ces éléments ne sont pas toujours transposés avec efficacité et crédibilité dans les différentes productions sur la vie de Jésus.

la main du Ressuscité

La main du Ressuscité porte la marque de la crucifixion
dans Anno Domini (1985).

     La question de la résurrection de Jésus et de l'expérience pascale varie un peu selon les films. Dans la plupart des cas, les réalisateurs ont illustré assez littéralement les récits d'apparitions et de tombeau vide, ce qui donne l'impression que la résurrection n'est ni plus ni moins que la réanimation d'un cadavre enrichi de propriétés particulières. C'est ce qu'on peut constater dans des productions comme Le Roi des Rois de Nicholas Ray, Jésus, le film de Peter Sykes et John Kirsh, la série télévisée A.D. Anno Domini, réalisée en 1985 par Stuart Cooper et Jésus, la mini-série de Roger Young.

le tombeau

La découverte du tombeau ouvert
dans La plus grande histoire jamais contée (1965).

     Il y a des productions qui se démarquent un peu plus des autres en ce qui a trait à la représentation de la résurrection. Dans Le Roi des Rois de DeMille, les scènes associées à l'événement pascal sont illustrées en couleur, contrairement au reste du film tourné en noir et blanc. Ce procédé laisse suggérer que le Christ ressuscité se situe dans une réalité différente. Dans Jésus de Montréal (Denys Arcand, 1989), la transplantation des organes de Daniel (joué par Lothaire Bluteau), pendant moderne du Christ dans l'histoire, fait office de résurrection. La remarquable fresque La plus grande histoire jamais contée propose, quant à elle, un regard très intéressant sur l'expérience pascale, par le biais du personnage de Marie-Madeleine. Cette dernière (incarnée par Joanna Dunham) discute avec d'autres disciples et se remémore certaines des paroles de Jésus en lien avec les Écritures lorsque subitement, elle est saisie d'une expérience intérieure intense. Cette expérience l'amène à prendre spontanément conscience du « réveil » de Jésus d'entre les morts. Si elle se rend au tombeau, ce n'est que pour vérifier l'authenticité de sa révélation intérieure.

le chemin de la croix

Jésus Christ Superstar (1973)

     Certains films omettent totalement l'épisode de la résurrection. C'est le cas des productions qui se disent préoccupées par l'humanité du personnage du Christ, telles que Jésus Christ, Superstar et La dernière tentation du Christ. Étonnamment, l'une des premières oeuvres majeures du cinéma muet, De la crèche à la croix, pourtant très fidèle aux évangiles et à la tradition, se clôt sur la crucifixion et oblitère les éléments associés à la résurrection. En y réfléchissant, ceci ne constitue pas nécessairement un mauvais choix. En effet, par ce procédé, le film réussit à maintenir toute la dimension de mystère entourant l'événement pascal. De cette façon, il rappelle que pour la foi chrétienne, la résurrection de Jésus est sensée constituer un phénomène qui transcende la réalité historique.

Pour conclure

     Le survol que nous venons de faire sur les différentes représentations du Christ au cinéma et à la télévision nous permet de constater qu'une certaine interprétation du contenu évangélique est transmise par le biais des productions cinématographiques. Ce fait n'est pas à négliger, car pour beaucoup de personnes, le cinéma christique constitue l'un des contacts les plus marquants avec les évangiles et la personne de Jésus. Leur conception de la foi chrétienne en est souvent fortement influencée.

     Comme le cinéma reflète les schémas socioculturels d'une période donnée, il est compréhensible que les films reproduisent les représentations populaires en vogue afin de plaire à un public souvent exigeant. Ce qu'on remarque en ce qui concerne le cinéma de genre christique, c'est que depuis environ la fin des années 1970, un soucis de plus en plus grand se fait sentir de redécouvrir la dimension humaine et historique du personnage de Jésus. L'intérêt croissant que plusieurs portent au « Jésus de l'histoire » plutôt qu'au « Christ de la foi » semble démontrer cette observation. Si cette tendance se maintient, il sera particulièrement intéressant de suivre cette évolution de la mentalité religieuse et d'examiner comment le personnage de Jésus sera dépeint dans les oeuvres cinématographiques à venir.

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Nous ne croyons plus au Messie?